Depuis la place Saint-Pierre, le souverain pontife aux origines haïtiennes a lancé un cri du cœur pour le peuple de ses ancêtres. Un appel qui résonne particulièrement après l’enlèvement de neuf personnes dans un orphelinat à Kenscoff.
Les mots du Pape Léon XIV ont résonné avec une émotion particulière place Saint-Pierre ce dimanche. « La situation de la population en Haïti est de plus en plus désespérée », a déploré le souverain pontife devant des milliers de fidèles, avant de lancer un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle ne détourne pas le regard du drame haïtien.
Cette intervention pontificale prend une dimension particulière quand on sait que Léon XIV porte en lui le sang d’Haïti : ses grands-parents maternels étaient haïtiens. Pour lui, ce n’est pas seulement une question de compassion universelle, mais aussi un lien familial et culturel qui le rattache au peuple en souffrance.
Un inventaire glaçant de la violence
Le Pape n’a pas mâché ses mots en dressant le bilan de l’actualité haïtienne : meurtres, traite d’êtres humains, enlèvements à répétition. Une énumération qui fait écho aux préoccupations quotidiennes des familles haïtiennes, qu’elles vivent à Port-au-Prince, dans les provinces ou qu’elles suivent l’actualité depuis l’étranger avec angoisse.
L’enlèvement du 3 août de neuf personnes dans un orphelinat à Kenscoff semble avoir particulièrement marqué le Saint-Père. Cet événement illustre tragiquement la vulnérabilité des plus faibles dans un pays où même les institutions censées protéger les enfants deviennent des cibles.
« Un soutien concret », pas seulement des prières
L’appel de Léon XIV se veut pragmatique : « Je lance un appel pressant à tous les responsables pour que les otages soient libérés immédiatement, et je demande le soutien concret de la communauté internationale pour créer les conditions sociales et institutionnelles qui permettront aux Haïtiens de vivre en paix. »
Le terme « concret » n’est pas choisi au hasard. Pour les Haïtiens qui ont vu défiler les déclarations de compassion sans suite tangible, cette insistance sur l’action concrète résonne comme un espoir. La diaspora haïtienne, dispersée aux quatre coins du monde, attend depuis longtemps que la solidarité internationale se traduise en actes efficaces.
Dans les pas de François
En interpellant ainsi la communauté internationale, Léon XIV s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur François, qui avait multiplié les appels à prier pour Haïti. Mais cette fois, l’approche semble plus directe, plus personnelle aussi, portée par ces liens familiaux qui donnent une résonance particulière à ses paroles.
Pour les fidèles catholiques haïtiens – ils représentent environ 55% de la population – entendre le Pape évoquer leur pays avec cette émotion constitue un réconfort moral dans une période où les repères s’effondrent. Savoir que le chef de l’Église catholique porte une part d’héritage haïtien apporte une fierté particulière dans un contexte où l’image du pays ne cesse de se ternir.
Un message qui interpelle
Cet appel pontifical arrive à un moment crucial où la fatigue internationale face à la crise haïtienne commence à se faire sentir. Les médias internationaux se lassent, l’attention se déporte vers d’autres crises, et Haïti risque de sombrer dans l’oubli.
Le message de Léon XIV vise précisément à briser cette indifférence. Pour les Haïtiens de l’intérieur comme de la diaspora, cette voix qui s’élève depuis le Vatican représente un espoir que leur souffrance ne sera pas ignorée par la communauté internationale.
L’appel du Pape Léon XIV parviendra-t-il à mobiliser durablement la communauté internationale ? Pour un peuple haïtien qui a souvent eu l’impression d’être abandonné par le monde, ces paroles venues du Vatican portent un message d’espoir. Reste à savoir si elles se traduiront par les actions concrètes que réclame le souverain pontife et qu’attendent désespérément les Haïtiens.