Dans une attaque coordonnée qui rappelle les heures les plus sombres de l’insécurité haïtienne, les bandits du gang Gran grif ont réduit en cendres le commissariat de Liancourt. Un nouveau coup dur pour une police déjà en difficulté face à la montée de la violence.
La nuit du dimanche 14 au lundi 15 septembre 2025 restera gravée dans la mémoire des habitants de Liancourt. Vers 1h30 du matin, alors que la commune dormait, les criminels du redoutable gang Gran grif de Savien ont lancé un assaut d’envergure contre le commissariat local. Quatre heures plus tard, le bâtiment n’était plus qu’un amas de ruines fumantes.
Un siège de plusieurs heures dans l’indifférence
« Les criminels de Gran grif nous ont attaqués en force. Ils étaient vraiment nombreux », a confié au Nouvelliste le commissaire principal Jude Jean Chéry, responsable de l’arrondissement de Saint-Marc. Face à cette marée humaine lourdement armée, les quelques policiers présents sur place n’ont pu que résister tant bien que mal, privés de moyens suffisants et surtout… de renforts.
Car c’est là tout le drame : pendant que les tirs automatiques résonnaient dans les rues de Liancourt, terrorisant la population, les secours se faisaient attendre. Il aura fallu attendre 5 heures du matin pour que les forces de l’ordre capitulent définitivement, abandonnant le terrain aux bandits.
Cette situation évoque malheureusement d’autres épisodes similaires vécus par nos compatriotes, que ce soit à Cité Soleil, à Martissant, ou encore dans certains quartiers de Port-au-Prince, où la population se retrouve souvent livrée à elle-même face aux gangs.
Une police affaiblie et abandonnée
Le témoignage du commissaire Chéry révèle une réalité préoccupante : le désengagement progressif des unités spécialisées dans la lutte contre les groupes armés du bas-Artibonite. « Seulement deux agents de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO) se trouvaient sur les lieux à côté de certains policiers administratifs », a-t-il déploré.
Cette situation rappelle les défis auxquels font face nos forces de l’ordre, non seulement en Haïti, mais aussi les inquiétudes de nos frères et sœurs de la diaspora qui suivent avec angoisse l’évolution de la situation sécuritaire au pays.
Heureusement, aucun policier n’a perdu la vie dans cette bataille nocturne. Pour le commissaire Chéry, ces hommes qui luttent quotidiennement contre la coalition Viv ansanm « font partie des héros de la nation ».
Liancourt dans l’étau de la terreur
Les témoignages recueillis durant cette nuit d’horreur dressent un tableau glaçant. Des tirs automatiques en série, « à tout moment et en tout lieu », ont rythmé la soirée du dimanche, plongeant la population dans la terreur. Ces scènes, devenues trop familières dans certaines zones du pays, illustrent l’ampleur du défi sécuritaire auquel fait face Haïti.
Malgré cette défaite tactique, le commissaire principal Jude Jean Chéry se veut rassurant : « Les forces de l’ordre n’abandonneront jamais la commune de Liancourt aux bandits de Savien. Une action de grande envergure est déjà à l’étude. »
Mais au-delà des promesses, cette attaque pose une question fondamentale : jusqu’à quand notre pays devra-t-il subir cette spirale de violence ? Et vous, que pensez-vous qu’il faille faire pour briser ce cercle vicieux qui maintient nos communautés dans la peur ?