Port-au-Prince, 20 février 2025 – Sous la pression des gangs armés et la montée de la violence, le bas de Port-au-Prince, autrefois un centre d’activités nocturnes, se vide peu à peu. Parmi les plus touchées figurent les travailleuses du sexe, contraintes de fuir vers Pétion-Ville et d’autres zones jugées plus sûres, bien que la réalité y soit tout autre.

Une fuite précipitée sous la menace des gangs

Depuis plusieurs semaines, la capitale haïtienne est le théâtre d’une insécurité galopante, alimentée par les exactions du gang Viv Ansanm, qui étend son emprise sur plusieurs quartiers clés tels que Nazon, Carrefour-Feuilles et Kenscoff. Cette détérioration de la situation sécuritaire pousse des centaines de familles à fuir, mais affecte aussi particulièrement les prostituées, dont l’activité repose sur un minimum de stabilité.

« Nous étions déjà en danger, mais maintenant c’est pire. Les bandits kidnappent, violent et tuent sans retenue »,déplore Farah, mère célibataire et travailleuse du sexe, qui a quitté le centre-ville pour tenter de survivre à Pétion-Ville.

Des conditions de vie encore plus précaires

Si Pétion-Ville peut sembler un refuge, la réalité est toute autre. Le coût de la vie élevé et la baisse des revenuscompliquent leur quotidien. « Ici, tout est cher : le logement, la nourriture, même un petit coin pour travailler. À Champ de Mars, nous avions notre espace, mais maintenant c’est le chaos. »

D’autres dénoncent des abus de clients et des agressions« On se retrouve à travailler dans des conditions encore plus dangereuses, avec des hommes qui refusent de payer ou qui nous menacent », confie Sandra, qui regrette amèrement son départ précipité.

Un problème plus large : l’effondrement du tissu social

Ce drame s’inscrit dans un contexte plus large de déplacement massif. Comme elles, des milliers d’autres Haïtiens sont jetés sur les routes, fuyant des quartiers devenus invivables. Les familles se disloquent, les petits commerces ferment, et les repères sociaux disparaissent.

« Nous ne demandons pas la charité, seulement la possibilité de travailler sans craindre pour nos vies », plaide une autre femme. Mais face à l’inaction des autorités, le désespoir grandit.

Alors que les appels à l’action se multiplient, le gouvernement reste silencieux. En attendant, ces femmes, comme tant d’autres, tentent de survivre dans l’incertitude, espérant des jours meilleurs dans un pays en plein chaos.

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