Port-au-Prince, 23 février 2025 – L’ancien sénateur des Nippes, Nènel Cassy, rejette catégoriquement les accusations portées contre lui par la police judiciaire haïtienne, affirmant qu’il s’agit d’une tentative de salir son image. Dans un communiqué publié le 22 février, il se dit victime d’une persécution politique et assure qu’il n’a aucun lien avec les gangs qui ravagent le pays.

« Je ne fais pas partie des gangs, je ne les soutiens pas. Ces accusations ne correspondent ni à mon engagement ni à mes convictions », a-t-il déclaré, tout en réitérant sa disponibilité à répondre à toute convocation judiciaire dans le cadre d’une enquête transparente et impartiale.

Des accusations controversées de la DCPJ

Le 18 février 2025, la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a émis un avis de recherche contre Nènel Cassy et l’ancien député de Kenscoff, Alfredo Antoine. Lors d’une conférence de presse, la police a affirmé qu’ils entretenaient des relations avec des groupes criminels impliqués dans l’escalade de la violence à Port-au-Prince.

Dans sa défense, Cassy établit un parallèle entre la montée en puissance des gangs et les révélations du scandale PetroCaribe en 2018, qu’il considère comme un élément déclencheur du chaos actuel. Il accuse les anciens gouvernements du PHTK d’avoir favorisé l’ancrage des gangs dans la société haïtienne. « Nous ne croyons pas à la lutte armée contre un pouvoir, même illégitime. Un bon citoyen ne trahit pas son pays. Nous ne nous battrons jamais contre nous-mêmes », a-t-il insisté.

Une instrumentalisation politique de la justice ?

Face aux accusations de la DCPJ, plusieurs figures de la société civile expriment leurs préoccupations. Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), qualifie ces avis de recherche de démarche arbitraire. Selon lui, la DCPJ aurait dû convoquer officiellement les deux anciens élus avant de les placer sur la liste des personnes recherchées. « Ce sont des personnalités publiques avec un domicile connu. Agir autrement crée un dangereux précédent », prévient-il.

De son côté, Me Samuel Madistin, président de la Fondasyon Je Klère (FJKL), appelle à une enquête judiciaire indépendante pour faire la lumière sur ces allégations. Il rappelle que le nom de Nènel Cassy a déjà été cité dans plusieurs affaires criminelles, notamment dans l’assassinat du diplomate Pierre Matilus, tué à Delmas 40B. Toutefois, aucune conclusion judiciaire n’a été rendue sur ce crime.

Concernant Alfredo Antoine, Me Madistin l’accuse d’être impliqué dans un réseau de spoliation immobilière, notamment la vente frauduleuse d’immeubles abandonnés appartenant à des Haïtiens de la diaspora. L’affaire de la vente fictive d’un immeuble à l’Office National d’Assurance-Vieillesse (ONA) est notamment citée parmi les transactions douteuses.

Un appel à l’unité nationale

Dans ce contexte tendu, Nènel Cassy en appelle à la raison et exhorte les acteurs politiques à éviter toute aggravation de la crise actuelle. « Ce moment exige entente et concertation entre tous les vrais patriotes progressistes. Évitons toute situation qui pourrait plonger le pays dans un plus grand chaos », conclut-il.

Alors que les accusations continuent de susciter de vifs débats, une question demeure : cette affaire relève-t-elle d’une véritable enquête judiciaire ou d’un règlement de comptes politique ?

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