Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé lance une vaste campagne pour renforcer la participation féminine dans le processus électoral, avec à la clé trois milliards de gourdes d’incitations financières. Un tournant historique pour la démocratie haïtienne ?
« Pas de démocratie sans femmes. » C’est par ces mots forts, prononcés en créole, que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a lancé, ce 12 novembre 2025, une campagne nationale de sensibilisation, de mobilisation et de formation des femmes haïtiennes en vue des prochaines élections. Un message clair : sans les femmes, la démocratie haïtienne ne peut ni avancer ni se consolider.
Trois milliards de gourdes pour soutenir les femmes
Le gouvernement ne se contente pas de beaux discours. L’avant-projet du décret électoral prévoit des mesures concrètes pour encourager la participation féminine à tous les niveaux du processus électoral. Un budget maximal de trois milliards de gourdes sera consacré à des incitations financières destinées à briser les barrières qui empêchent encore trop de femmes d’accéder aux postes de décision.
Que ce soit en Haïti ou dans la diaspora, les Haïtiennes connaissent bien ces obstacles : manque de moyens financiers pour faire campagne, réseaux politiques masculins fermés, préjugés tenaces. Ces nouvelles mesures visent justement à changer la donne.
Des quotas et des bonus : une stratégie gagnante
Les premiers résultats sont déjà visibles. Selon le Premier ministre, 40 % du personnel recruté par le Conseil électoral provisoire (CEP) dans les bureaux départementaux et communaux sont des femmes. Un chiffre encourageant qui prouve que lorsque la volonté politique existe, le changement suit.
Mais ce n’est pas tout. Le décret électoral impose également :
- Un quota minimal de 30 % de candidates sur les listes législatives des partis politiques. Plus question pour les formations politiques de présenter des listes entièrement masculines.
- Un bonus de 25 % de financement pour les partis qui réussissent à faire élire plus de 50 % de femmes lors des prochaines élections générales. Une carotte financière qui pourrait bien transformer les mentalités.
Ces mesures rappellent les efforts entrepris dans d’autres pays de la région, comme au Rwanda où la représentation féminine au Parlement dépasse 60 %, ou encore en Bolivie et au Mexique, où les quotas ont permis de féminiser significativement la vie politique.
Hommage aux héroïnes d’hier, appel aux leaders de demain
Lors de son discours, Alix Didier Fils-Aimé a rendu un vibrant hommage aux femmes qui ont marqué l’histoire d’Haïti. Il a cité Suzanne Sanité Bélair, sergent de l’armée indigène fusillée par les Français ; Catherine Flon, qui aurait cousu le premier drapeau haïtien ; Claire Heureuse, épouse de Dessalines et figure de la résistance ; et Tante Toya (Victoria Montou), maronne légendaire. Des noms gravés dans la mémoire collective haïtienne, symboles de courage et de détermination.
Le message est clair : les femmes ont toujours été au cœur de la lutte pour la liberté et le progrès national. Il est temps qu’elles occupent pleinement leur place dans les institutions démocratiques du pays.
Le Premier ministre a également salué le partenariat entre le CEP et ONU-Femmes, qui accompagne cette dynamique en fournissant expertise et soutien technique.
Et maintenant ?
Pour les Haïtiennes en Haïti comme celles de la diaspora à Miami, Montréal, Paris ou Boston, ce lancement de campagne représente un espoir tangible. Participer au processus électoral, que ce soit comme candidate, membre de bureau de vote ou simplement électrice informée, devient un acte de patriotisme et de transformation sociale.
Reste à voir si ces mesures résisteront aux turbulences politiques que connaît le pays, et si les partis politiques joueront vraiment le jeu de l’inclusion. Une chose est sûre : le débat est lancé, et les femmes haïtiennes, fortes de leur histoire, ne lâcheront rien.
Et vous, pensez-vous que ces mesures suffiront à changer durablement le visage de la politique haïtienne ?

