Port-au-Prince, 13 janvier 2025 – La controverse enfle autour des propos tenus par Liné Balthazar, président du Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK), à propos du groupe criminel « Viv Ansanm ». Lors d’une interview accordée à Radio Magik 9, M. Balthazar a laissé entendre que ce groupe pourrait jouer un rôle dans la reconfiguration du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Ces déclarations ont provoqué une vague d’indignation dans tout le pays.

Une inclusion controversée

Liné Balthazar a justifié sa position en affirmant qu’il est impossible d’ignorer l’influence des groupes armés dans le contexte actuel. « Les groupes armés sont une réalité en Haïti. Les ignorer serait hypocrite », a-t-il déclaré, évoquant les interactions fréquentes entre ces groupes et diverses institutions nationales et internationales. Il a notamment souligné que « Viv Ansanm » figure parmi les signataires d’un document soumis à la CARICOM concernant une éventuelle réorganisation du CPT.

Ces propos ont été perçus par beaucoup comme une tentative de légitimation de groupes criminels, une démarche qualifiée d’« inacceptable » par de nombreux acteurs politiques et de la société civile.

Réactions multiples

Les réactions ne se sont pas fait attendre. André Michel, avocat et leader politique, s’est fermement opposé à toute forme de dialogue ou de collaboration avec des gangs. Sur X (anciennement Twitter), il a déclaré : « Pas de négociation avec les gangs. Ils doivent être démantelés, pas légitimés. »

De son côté, Claude Joseph, ancien Premier ministre, a clarifié la position de son organisation, EDE, en expliquant que le document mentionnant « Viv Ansanm » servait uniquement à identifier les acteurs soutenant certaines options politiques. « Nous ne soutenons pas cette proposition. Intégrer un groupe criminel dans un processus politique est contraire aux valeurs démocratiques », a-t-il affirmé.

La colère de Leslie Voltaire

Le président du CPT, Leslie Voltaire, a condamné avec force toute tentative d’association avec des groupes criminels. Dans une déclaration publique, il a qualifié cette démarche de « trahison des principes républicains ». Il a appelé à des sanctions contre les responsables de cette initiative, estimant qu’elle constitue une menace pour la souveraineté nationale et un affront aux victimes de la violence des gangs.

Un climat de violence exacerbé

Pendant ce temps, le groupe « Viv Ansanm » continue de semer la terreur. Selon les Nations Unies, plus de 5 600 personnes ont été tuées en Haïti en 2024 en raison des violences perpétrées par des gangs, une augmentation de plus de 1 000 victimes par rapport à l’année précédente.

Le chef de gang Jimmy Cherisier, alias « Barbecue », a récemment annoncé son intention de transformer « Viv Ansanm » en parti politique, suscitant davantage de préoccupations sur l’éventuelle intégration de groupes criminels dans le paysage politique.

Appel à l’unité nationale

Pierre Espérance, directeur du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), a dénoncé toute initiative visant à inclure des gangs dans le processus politique. « Cela renforce l’impunité et affaiblit les institutions », a-t-il déclaré, exhortant le gouvernement à prendre des mesures fermes contre ces groupes.

Alors que la situation sécuritaire reste critique, les appels à une action décisive et cohérente se multiplient. L’avenir du pays dépendra largement de la capacité des dirigeants à répondre aux attentes d’une population lassée par l’instabilité et l’impunité.

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