À Delmas 41, une mobilisation exemplaire redonne le sourire aux plus vulnérables. Le Consortium international de la jeunesse haïtienne (CIJHA) vient de clôturer une semaine de plaidoyer en offrant à près d’un millier d’enfants et leurs parents un moment de répit et de sensibilisation contre l’exploitation. Une initiative d’autant plus cruciale que les gangs recrutent massivement des mineurs.

Quand Delmas devient un refuge d’espoir

Ce mercredi 18 juin, l’atmosphère à Delmas 41 contrastait avec la morosité habituelle qui règne dans la capitale. Près d’un millier d’enfants, accompagnés de leurs parents, ont participé à une journée de sensibilisation organisée par le CIJHA, marquant la fin d’une semaine entière dédiée aux droits fondamentaux des enfants haïtiens.

L’événement a transformé ce coin de Port-au-Prince en véritable havre de paix. Activités ludiques, interventions éducatives et temps d’expression libre ont rythmé cette journée spéciale, offrant aux enfants un moment rare loin des réalités traumatisantes de leur quotidien.

Pour beaucoup de familles présentes, c’était l’occasion de voir leurs enfants sourire à nouveau, dans un pays où l’insécurité et la précarité ont volé l’innocence de toute une génération.

Les fondateurs du CIJHA tirent la sonnette d’alarme

Les six membres fondateurs du consortium – Étienne Lubin, Kenold Langlois, Cleanta Alcéus, Barthélémy Pierre Akim, Dory Gaëtan Louis et Dave Weitzor Solitaire – ont tour à tour pris la parole pour dénoncer une situation alarmante. Leurs interventions ont mis l’accent sur les conséquences dramatiques des violations des droits des enfants : traumatismes psychologiques, exclusion sociale et vulnérabilité face aux prédateurs.

Leurs témoignages font écho à une frustration générale. Les enfants dénoncent l’indifférence des autorités face à leur exclusion sociale, tandis que leurs parents expriment leur ras-le-bol face à l’instrumentalisation politique de leur misère et à l’insécurité qui menace leur quotidien.

Une jeunesse prise au piège des gangs

Les chiffres donnent le vertige. Selon un récent rapport de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les gangs haïtiens comptent entre 20 et 30% de mineurs dans leurs rangs. Ces enfants sont contraints de servir comme guetteurs, surveillants de personnes kidnappées, ou même comme exécutants d’opérations criminelles.

Recrutés dans la rue, exclus du système scolaire, marqués par la frustration et l’abandon, ces enfants soldats deviennent les victimes silencieuses d’un système en déliquescence. Leur participation aux activités criminelles est parfois même monnayée, transformant des victimes en complices malgré eux.

Pour les Haïtiens de la diaspora qui suivent de loin cette tragédie, ces statistiques rappellent l’urgence d’agir. Combien d’enfants de leurs quartiers d’origine sont-ils tombés dans ce piège ?

Un modèle à suivre pour sauver l’enfance haïtienne

Face à ce sombre tableau, l’initiative du CIJHA représente une bouffée d’oxygène. En créant un espace de réflexion et d’action stratégique, l’organisation permet à la jeunesse haïtienne de s’exprimer, d’agir et de participer à la construction de l’avenir du pays.

Les parents présents ont salué cette démarche, appelant de leurs vœux à sa pérennisation. Car sans actions durables et cohérentes comme celle du CIJHA, et sans un encadrement fort au plus haut niveau de l’État, l’avenir de cette jeunesse est d’ores et déjà compromis.

Dans un pays où l’enfance semble condamnée à grandir trop vite, le CIJHA prouve qu’il est encore possible de redonner espoir. Mais cette initiative isolée suffira-t-elle à inverser la tendance ? L’avenir d’Haïti se joue peut-être dans la capacité de ses citoyens, d’ici et d’ailleurs, à multiplier de telles actions de solidarité.

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