Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », fait désormais l’objet d’une inculpation fédérale américaine et d’une prime record de 5 millions de dollars. L’ancien policier devenu chef de la coalition « Viv ansanm » est accusé d’avoir orchestré un vaste réseau de financement impliquant la diaspora haïtienne aux États-Unis.
L’étau se resserre autour de Jimmy « Barbecue » Chérizier. Ce mardi 12 août, un grand jury fédéral à Washington D.C. a officiellement inculpé l’ancien policier haïtien devenu l’un des chefs de gang les plus redoutés du pays. Simultanément, le FBI a annoncé une prime exceptionnelle de 5 millions de dollars pour toute information menant à son arrestation – un montant qui place désormais ce Haïtien de 47 ans au même niveau que les criminels les plus recherchés au monde.
Un réseau criminel qui traverse les frontières
L’accusation révèle l’ampleur d’un système sophistiqué qui implique directement des membres de la diaspora haïtienne. Selon les autorités américaines, Chérizier et son complice Bazile Richardson, un camionneur américain naturalisé originaire de Caroline du Nord arrêté le mois dernier à Houston, ont mis en place un véritable réseau de financement transnational.
Le duo aurait directement sollicité des transferts d’argent auprès de compatriotes haïtiens établis aux États-Unis. Ces fonds, acheminés vers des intermédiaires en Haïti, servaient ensuite à payer les salaires des membres du gang et à acheter des armes sur le marché noir haïtien – le tout en violation flagrante des sanctions américaines imposées contre le chef de « Viv ansanm ».
Cette révélation jette une lumière crue sur les liens complexes entre certains segments de la diaspora et la crise sécuritaire qui ravage Haïti. Pour de nombreux Haïtiens de l’étranger qui envoient régulièrement de l’argent à leurs proches, cette affaire soulève des questions troublantes sur les circuits de transfert et leurs possibles détournements.
De « Viv ansanm » à « organisation terroriste »
L’escalade dans la qualification des actes de Chérizier est révélatrice. Le 2 mai 2025, le Département d’État américain a officiellement désigné « Viv ansanm » comme organisation terroriste étrangère. Une classification qui place la coalition de gangs haïtiens dans la même catégorie que des groupes comme Al-Qaïda ou Daesh.
« Chérizier est une figure centrale responsable de la violence des gangs en Haïti. Connu pour son mépris total de la dignité humaine, il est directement impliqué dans les massacres et les viols de civils haïtiens », a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du Département d’État. Des mots qui résonnent douloureusement pour tous ceux qui ont des proches en Haïti et suivent avec angoisse la spirale de violence qui frappe le pays.
Une enquête de longue haleine
Cette inculpation n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’une enquête minutieuse ouverte en 2022 par les autorités fédérales américaines. Trois années d’investigations qui ont permis de démanteler les rouages financiers d’un empire criminel dont les tentacules s’étendent bien au-delà des frontières haïtiennes.
« Ses actions visant à financer l’oppression et le massacre des Haïtiens sont impardonnables, mais aujourd’hui marque un pas vers la reddition de comptes », a souligné Todd M. Lyons, directeur par intérim de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE).
Un message à la diaspora et aux complices
L’annonce de cette prime record s’accompagne d’un message clair des autorités américaines : « Les acteurs violents comme Chérizier et ses complices doivent comprendre qu’il n’existe aucun refuge pour eux », a averti Darren Cox du FBI.
Pour la diaspora haïtienne, cette affaire constitue un rappel saisissant que la crise haïtienne ne s’arrête pas aux frontières de l’île. Elle interpelle chaque membre de la communauté haïtienne à l’étranger sur sa responsabilité collective face à la tragédie que vit le pays natal.
L’appel du FBI est explicite : toute personne détenant des informations sur Chérizier ou son réseau peut contacter les autorités en toute sécurité. Un appel qui s’adresse autant aux témoins potentiels qu’aux consciences de ceux qui, de près ou de loin, auraient pu être impliqués dans ce système criminel.
Cette inculpation historique marquera-t-elle un tournant dans la lutte contre l’impunité des chefs de gang haïtiens ? L’avenir le dira, mais une chose est certaine : la justice internationale n’a jamais été aussi près de rattraper « Barbecue ».