À l’initiative du parti Les Engagés pour le Développement (EDE), dirigé par l’ancien Premier ministre Claude Joseph, une importante manifestation s’est déroulée ce samedi 1er mars 2025 dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Une foule nombreuse est descendue dans les rues pour protester contre l’insécurité galopante et dénoncer l’incapacité du gouvernement à restaurer l’ordre.
Les manifestants, pancartes en main, ont parcouru plusieurs artères de la capitale, notamment Delmas 30 et Delmas 19, des quartiers durement touchés par la violence des gangs. « Nous n’en pouvons plus ! Trop de morts, trop de familles brisées par l’insécurité ! », s’indigne un protestataire, scandant avec la foule des slogans hostiles au Conseil Présidentiel de Transition (CPT).
Dans le cortège, de nombreuses pancartes affichent des messages explicites : « Nou pa gen leta, aba CTP ! » (« Nous n’avons pas d’État, à bas le CPT ! »). D’autres manifestants reprennent en chœur « Viv ansanm ak Leta se marasa », appelant à une gouvernance plus présente et efficace.
Claude Joseph en première ligne
En tête de la mobilisation, Claude Joseph a vivement critiqué l’inaction du gouvernement face à la montée de la violence. « L’administration CPT-Didier Fils-Aimé est totalement déconnectée des réalités du peuple. Elle laisse la population à la merci des gangs sans aucune solution concrète », a-t-il dénoncé.
Les protestataires réclament des mesures immédiates pour restaurer la sécurité et améliorer les conditions de vie. « Nous voulons un pays où nos enfants peuvent grandir sans peur, où nous pouvons travailler et vivre dignement », confie une manifestante au niveau du rond-point de Delmas.
Alors que le cortège atteignait Delmas 40 B, la Police nationale d’Haïti (PNH) a tenté de disperser les manifestants en lançant du gaz lacrymogène, affectant également Claude Joseph et plusieurs participants.
Une mobilisation aux accents politiques
Cette manifestation intervient dans un climat politique tendu. Claude Joseph, dernier Premier ministre sous la présidence de Jovenel Moïse, est aujourd’hui à la tête du parti EDE, qui compte un représentant au sein du CPT, Smith Augustin. Toutefois, Joseph s’est publiquement désolidarisé de ce dernier après le scandale de la BNC, exigeant sa démission – une demande restée sans effet.
La mobilisation de ce samedi marque une nouvelle offensive politique contre le pouvoir en place, accusé d’immobilisme. Les organisateurs promettent d’autres manifestations dans les jours à venir. « Ce n’est qu’un début », avertit un cadre d’EDE. « Tant que le gouvernement restera sourd à nos revendications, nous continuerons à faire entendre nos voix dans la rue. »
Un bilan revendiqué par EDE
À l’issue de la manifestation, EDE s’est félicité du succès de cette mobilisation. Dans un communiqué, le parti affirme que « le peuple haïtien a une fois de plus démontré sa détermination en répondant massivement à l’appel du Parti politique Les Engagés pour le Développement (EDE) », dénonçant l’insécurité grandissante, la mauvaise gouvernance et la corruption endémique au sein du CPT.
Le parti remercie ses partisans d’avoir résisté « malgré les intimidations et l’usage abusif de gaz lacrymogène par la police » et revendique la première grande manifestation pacifique réussie contre ce pouvoir.
« La transition actuelle est un échec retentissant. Nous avons été les premiers à dénoncer les scandales de corruption impliquant des membres du conseil, alors que d’autres se rendaient complices du silence et de l’impunité. Nous avons exigé la démission de notre représentant, car notre devoir est de défendre le peuple, et non de servir les intérêts d’une minorité au pouvoir. »
Et de conclure : « La lutte pour une Haïti digne de son histoire glorieuse ne fait que commencer. »