NEW-YORK, 22 janvier 2025 – Lors d’une session spéciale du Conseil de sécurité des Nations unies, María Isabel Salvador, Représentante spéciale du Secrétaire général pour Haïti et cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a présenté un tableau saisissant des défis auxquels Haïti est confronté. Elle a exhorté la communauté internationale à intensifier son soutien face à une crise multidimensionnelle qui affecte simultanément les domaines politique, sécuritaire et humanitaire.

Des progrès politiques fragiles

Mme Salvador a salué certaines avancées récentes, notamment la nomination du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé et la mise en place d’un Conseil électoral provisoire. Cependant, elle a souligné que la gouvernance demeure fragilisée par des tensions internes, des accusations de corruption et un déficit de confiance parmi la population.

Elle a également mis en avant les efforts pour inclure davantage de femmes dans les institutions politiques, qualifiant ces initiatives de « pas significatif » vers une représentation plus équitable. La Conférence nationale sur la réforme constitutionnelle progresse malgré les obstacles logistiques et politiques.

Une insécurité galopante

Le contrôle de la capitale, Port-au-Prince, par des gangs armés, qui dominent environ 85 % de la ville, constitue une menace majeure. Ces groupes, soutenus par des réseaux de trafic d’armes et de drogues, s’attaquent aux institutions essentielles, comme l’aéroport international et des infrastructures vitales, amplifiant la crise humanitaire.

Mme Salvador a rappelé des événements tragiques, tels que le massacre de Wharf Jérémie en décembre, où 207 personnes, dont de nombreux aînés, ont perdu la vie, et les violences dans le département de l’Artibonite, faisant des centaines de victimes.

Des efforts sécuritaires encourageants

La Mission multinationale de sécurité (MSS), renforcée par le déploiement de 217 policiers kényans et d’autres contingents internationaux, a montré des résultats prometteurs en repoussant les gangs et en saisissant des armes. En parallèle, 739 nouvelles recrues de la Police nationale haïtienne (PNH), dont 213 femmes, ont rejoint les forces de sécurité.

Cependant, les défis restent immenses : manque de ressources, équipement limité et taux d’attrition élevé. Mme Salvador a appelé à un soutien financier et technique accru pour garantir l’efficacité des forces de sécurité locales.

Une crise humanitaire sans précédent

Près de six millions de Haïtiens, soit près de la moitié de la population, nécessitent une assistance humanitaire. Les niveaux d’insécurité alimentaire sont alarmants, touchant près de 48 % de la population, avec des milliers de personnes en situation critique.

Le Plan de réponse humanitaire 2025, qui nécessite 908 millions de dollars, vise à répondre à ces besoins urgents. Mme Salvador a exhorté les donateurs internationaux à intensifier leurs contributions pour éviter une détérioration de la situation.

Un appel à la solidarité mondiale

En conclusion, la cheffe du BINUH a insisté sur l’importance d’une approche intégrée pour stabiliser Haïti. « La crise en Haïti ne peut être surmontée sans une mobilisation internationale coordonnée, qui doit combiner soutien politique, sécuritaire et humanitaire », a-t-elle déclaré.

Malgré les défis, María Isabel Salvador a exprimé son optimisme quant à la capacité du peuple haïtien à surmonter ces épreuves, avec l’appui soutenu de la communauté internationale.

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