Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé s’est rendu à la Maison-Blanche pour réaffirmer l’engagement d’Haïti vers la stabilité et la démocratie. Une visite diplomatique cruciale alors que la patience internationale s’amenuise.

Dans les couloirs feutrés de la Maison-Blanche, le Premier ministre haïtien Alix Didier Fils-Aimé avait une mission délicate : convaincre les États-Unis qu’Haïti est sur la bonne voie. Sa rencontre du 15 juillet 2025 avec Michael Jensen, Directeur pour l’Hémisphère Occidental au Conseil National de Sécurité, s’inscrit dans un contexte où chaque geste diplomatique compte.

Un exercice de haute voltige diplomatique

Cette rencontre n’est pas un simple protocole. Elle intervient au moment où Washington réévalue sa stratégie envers Haïti. Après des décennies d’aide et d’interventions diverses, les États-Unis semblent vouloir des garanties concrètes sur la capacité du gouvernement haïtien à sortir le pays de l’ornière.

Le Premier ministre avait donc fort à faire pour rassurer ses interlocuteurs américains. Dans un exercice de diplomatie classique, il a « réaffirmé l’engagement ferme du gouvernement haïtien à rétablir l’ordre public, à renforcer les institutions républicaines et à garantir un retour à la normalité constitutionnelle. »

Au-delà des mots, les attentes concrètes

Mais derrière cette langue de bois diplomatique se cachent des enjeux bien réels. Les discussions ont porté sur deux sujets cruciaux : la situation sécuritaire et la tenue d’élections crédibles. Pour la diaspora haïtienne aux États-Unis, ces deux questions résonnent particulièrement.

Combien de familles haïtiennes de Miami, New York ou Boston attendent désespérément que leurs proches puissent circuler librement dans les rues de Port-au-Prince ? Combien d’Haïtiens de la diaspora rêvent de pouvoir participer à des élections démocratiques dans leur pays natal ?

L’ombre de la mission kenyane

Cette rencontre à Washington prend une dimension particulière quand on sait que la mission multinationale menée par le Kenya peine à produire les résultats escomptés. Les États-Unis, principaux bailleurs de fonds de cette mission, attendent des comptes. Ils veulent savoir si leur investissement porte ses fruits.

Pour Fils-Aimé, il s’agissait donc aussi de démontrer que le gouvernement haïtien est un partenaire fiable, capable de travailler efficacement avec les forces internationales déployées sur le terrain.

Une coopération qui se veut « soutenue »

Le communiqué officiel évoque une « coopération soutenue avec les partenaires internationaux en vue d’une sortie durable de la crise. » Cette formule, si elle reste vague, indique néanmoins la volonté des deux parties de maintenir le dialogue.

Mais attention aux promesses non tenues. L’histoire récente d’Haïti est jalonnée de déclarations d’intention qui ne se sont jamais concrétisées. Les partenaires américains le savent et mesurent désormais leurs engagements à l’aune des résultats obtenus.

Le test de la crédibilité

Cette visite à Washington constitue un test de crédibilité pour le Premier ministre haïtien. Dans un contexte où l’ONU vient de réduire le mandat du BINUH à six mois, où la situation sécuritaire reste préoccupante et où les élections semblent toujours hypothétiques, Fils-Aimé devait montrer que son gouvernement a un plan.

La question qui taraude tous ceux qui suivent la situation haïtienne est simple : cette énième rencontre diplomatique débouchera-t-elle sur des changements concrets ou restera-t-elle un exercice de style sans lendemain ?

L’heure des actes

Pour la diaspora haïtienne, ces rencontres diplomatiques sont importantes mais insuffisantes. Ce qu’elle attend, c’est une amélioration tangible de la situation dans le pays. Des rues sûres, des institutions qui fonctionnent, des élections libres et transparentes.

L’échange décrit comme « empreint de cordialité et de respect mutuel » est encourageant, mais c’est sur le terrain que se joue l’avenir d’Haïti. Les prochaines semaines diront si cette diplomatie de haut niveau se traduit par des avancées concrètes.

Entre les salons feutrés de Washington et les réalités brutales de Port-au-Prince, il y a parfois un monde. Le Premier ministre Fils-Aimé a su tenir son rang diplomatique, mais le vrai défi l’attend maintenant en Haïti : transformer les promesses en actes et les engagements en résultats tangibles.

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