La Cour suprême autorise Donald Trump à poursuivre le démantèlement du ministère de l’Éducation avec 1 300 nouveaux licenciements. Une décision qui pourrait affecter les programmes d’aide aux étudiants étrangers, notamment haïtiens.
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump mène une guerre acharnée contre le ministère de l’Éducation américain. Après avoir déjà réduit de moitié les effectifs depuis mars, le président obtient désormais le feu vert de la Cour suprême pour poursuivre son plan de « démantèlement total » avec 1 300 licenciements supplémentaires.
Une victoire judiciaire controversée
La décision de la Cour suprême, adoptée à 6 voix contre 3, lève la suspension imposée par un juge fédéral de Boston qui avait donné raison aux États et syndicats d’enseignants contestataires. Pour Trump, il s’agit d’une « victoire majeure pour les parents et les élèves de tout le pays ».
Mais les juges progressistes ne décolèrent pas. Sonia Sotomayor dénonce une « décision indéfendable », rappelant que « seul le Congrès a le pouvoir d’abolir le département ». Cette bataille juridique illustre la profonde fracture politique américaine sur le rôle de l’État fédéral dans l’éducation.
Un ministère vidé de sa substance
Concrètement, l’administration Trump transforme progressivement le ministère de l’Éducation en « coquille vide ». Les employés licenciés géraient notamment les programmes d’aide aux étudiants en difficulté, aux élèves handicapés et aux écoles défavorisées. Des services cruciaux qui risquent d’être interrompus ou drastiquement réduits.
Pour les milliers d’étudiants haïtiens qui rêvent de poursuivre leurs études aux États-Unis, cette réorganisation soulève des interrogations légitimes. Les programmes de bourses fédérales, les aides financières aux étudiants étrangers et les services d’orientation universitaire pourraient être affectés.
Impact sur la diaspora haïtienne
Cette politique trumpienne résonne particulièrement dans la communauté haïtienne-américaine. Nombreux sont les parents de la diaspora qui ont misé sur le système éducatif américain pour offrir un avenir meilleur à leurs enfants. Les écoles publiques des zones où se concentrent les immigrants haïtiens – comme à Miami, New York ou Boston – bénéficient traditionnellement des subventions fédérales aujourd’hui menacées.
De plus, les programmes d’échanges universitaires et les partenariats éducatifs entre les États-Unis et Haïti, déjà fragiles, risquent d’être encore plus fragilisés. Les étudiants haïtiens boursiers aux États-Unis pourraient voir leurs conditions d’études se dégrader.
Une réforme ou une destruction ?
Trump justifie cette offensive en prônant le retour aux « valeurs locales » et la réduction du poids fédéral. Mais ses détracteurs y voient une attaque frontale contre l’égalité des chances éducatives. Dans un pays où l’éducation publique varie énormément d’un État à l’autre, le ministère fédéral jouait un rôle régulateur important.
L’ironie veut que cette politique soit menée par un président qui a lui-même bénéficié du système éducatif d’élite américain. Pour les familles modestes, qu’elles soient américaines ou immigrées, les conséquences risquent d’être lourdes.
L’obstacle du Sénat
Trump n’a pas encore gagné la guerre. Pour abolir définitivement le ministère, il lui faut l’accord du Sénat avec 60 voix. Les républicains n’en détiennent que 53. Un calcul politique serré qui laisse encore une marge de manœuvre aux opposants.
En attendant, l’administration continue de vider le ministère de sa substance, créant une situation de fait accompli. Une stratégie qui rappelle d’autres démantèlements d’institutions publiques observés ailleurs dans le monde.
Et maintenant ?
Cette offensive contre l’éducation fédérale s’inscrit dans une vision plus large de redéfinition du rôle de l’État américain. Pour les communautés immigrées, dont la diaspora haïtienne, l’enjeu dépasse la simple politique éducative : c’est l’accès même au rêve américain qui se joue.
Les prochains mois diront si cette révolution conservatrice parviendra à ses fins ou si elle se heurtera aux résistances du terrain. Une chose est sûre : l’éducation américaine ne sera plus jamais la même.