L’OIM tire la sonnette d’alarme face à une situation critique
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé un record de 20 000 Haïtiens expulsés en avril 2025 via Belladère et Ouanaminthe, aggravant une crise humanitaire déjà explosive. Entre insécurité et restrictions migratoires, les Haïtiens, d’ici et de la diaspora, s’inquiètent pour l’avenir.
Un record d’expulsions qui alerte
Dans un rapport publié le 30 avril 2025, l’OIM met en lumière une situation dramatique : 20 000 Haïtiens, souvent très vulnérables, ont été expulsés par voie terrestre en un seul mois, principalement via les postes-frontières de Belladère et Ouanaminthe. C’est le chiffre le plus élevé de l’année, dans un contexte où Haïti s’enfonce dans une crise multiforme. « La situation devient de plus en plus critique », alerte Amy Pope, directrice générale de l’OIM, pointant du doigt les violences des gangs et l’instabilité qui fragilisent le pays.
À Belladère, déjà submergée par ces arrivées, la pression s’intensifie avec 4 000 déplacés internes fuyant les violences à Mirebalais et Saut d’Eau. Au total, 51 000 personnes ont fui leur domicile dans le département du Centre, dont 12 500 vivent désormais dans 95 sites de fortune. Pour les Haïtiens de la diaspora, à Miami ou à Montréal, ces chiffres rappellent les défis d’une migration souvent forcée par la nécessité.
Une aide humanitaire sous tension
Face à cette crise, l’OIM, avec l’Office national des migrations (ONM), agit sur le terrain. Depuis le 22 avril, 30 femmes enceintes ou allaitantes reçoivent une aide quotidienne à Belladère et Ouanaminthe, et 3 500 expulsés ont bénéficié d’une assistance directe : eau potable, kits d’hygiène, soins médicaux, soutien psychosocial et abris temporaires. Mais les obstacles sont immenses. À Mirebalais, un blocus des gangs coupe Belladère de Port-au-Prince, rendant l’acheminement de l’aide presque impossible. « Les acteurs humanitaires sont coincés aux côtés des personnes qu’ils aident », déplore Grégoire Goodstein, chef de mission de l’OIM en Haïti.
Aux Cayes, où l’insécurité menace aussi, ou à Cap-Haïtien, où les habitants redoutent une contagion de la violence, cette crise humanitaire inquiète. Les mères haïtiennes, qu’elles soient à la frontière ou dans la diaspora à New York, ressentent cette douleur collective face à tant de souffrance.
Des restrictions migratoires qui empirent la situation
En République dominicaine, les nouvelles mesures migratoires aggravent le sort des Haïtiens. L’accès aux soins hospitaliers est désormais conditionné à une preuve de résidence légale, sinon seuls les soins d’urgence sont autorisés, suivis d’une expulsion immédiate. Amnesty International dénonce une violation des droits humains, mais le gouvernement dominicain, sous Luis Abinader, persiste, allant jusqu’à fournir des bus pour transporter les expulsés.
Aux États-Unis, la situation n’est pas meilleure : une Haïtienne de 44 ans est décédée vendredi dernier dans un centre de détention en Floride, victime de douleurs thoraciques. Ces drames touchent profondément la diaspora, qui espère une réaction plus ferme de la diplomatie haïtienne. Une rencontre récente entre le ministre des Affaires étrangères, Jean Harvel Victor Jean-Baptiste, et l’ambassadeur dominicain en Haïti, montre un début de dialogue, mais les résultats tardent.
Un appel urgent à l’action
L’OIM appelle à une mobilisation internationale pour éviter une catastrophe humanitaire plus large. Alors que la violence et la mauvaise gouvernance poussent les Haïtiens à chercher refuge à l’étranger, la réponse globale reste insuffisante. À Port-de-Paix ou à Paris, les Haïtiens s’interrogent : comment protéger les plus vulnérables face à cette spirale de crises ? Votre voix peut faire la différence : quelles solutions proposez-vous pour soutenir nos compatriotes ?