Genève, 4 avril 2025 – Dans un geste de solidarité fort envers le peuple haïtien, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a adopté, ce vendredi 4 avril, une résolution majeure exhortant les États membres à renforcer leur soutien à Haïti dans sa lutte contre les violences perpétrées par les gangs armés. Cette décision intervient lors du dernier jour de la 58e session du Conseil, marquée par des débats centrés sur les crises humanitaires et sécuritaires affectant plusieurs régions du monde.
Un texte sans opposition, mais porteur d’urgence
Approuvée sans vote, cette résolution témoigne d’un large consensus international sur la gravité de la situation en Haïti, où les violences liées aux gangs ont atteint un niveau alarmant. Le texte appelle la communauté internationale à agir de manière urgente et coordonnée pour endiguer l’insécurité galopante, qui continue de miner les droits fondamentaux de millions d’Haïtiens.
« Il est impératif de combattre efficacement la violence des gangs et leurs effets néfastes sur l’exercice et la jouissance des droits de l’homme du peuple haïtien », peut-on lire dans le document officiel.
Parmi les mesures clés, la résolution exhorte les États membres à renforcer l’aide technique et opérationnelle destinée aux institutions haïtiennes, tout en luttant contre la vente et le trafic illicites d’armes qui alimentent la puissance de feu des groupes criminels.
Un appel à la réforme institutionnelle et à la justice
Au-delà du soutien sécuritaire, la résolution met l’accent sur la nécessité de renforcer l’État de droit en Haïti. Le Conseil appelle le Gouvernement haïtien à accélérer la réforme de ses institutions judiciaires et pénitentiaires, et à intensifier la lutte contre la corruption, l’impunité et la déliquescence de l’autorité publique.
L’objectif est clair : restaurer la confiance citoyenne, tout en créant les conditions d’un retour durable à la stabilité politique et sociale.
Vers une présence renforcée du Haut-Commissariat en Haïti
Autre point notable du texte : l’encouragement formulé à l’égard des autorités haïtiennes pour établir un bureau officiel du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à Port-au-Prince. Une initiative déjà envisagée par le Gouvernement haïtien en 2023, et qui pourrait offrir un soutien technique permanent à la promotion et à la protection des droits humains sur le terrain.
Mandat renouvelé pour l’expert indépendant
Dans le même élan, le Conseil a décidé de renouveler pour une période d’un an le mandat de William O’Neill, expert indépendant américain désigné en 2023 pour suivre la situation des droits de l’homme en Haïti. Son rôle sera d’assurer un suivi régulier des violations, de formuler des recommandations concrètes et de favoriser le dialogue entre les institutions haïtiennes et les mécanismes internationaux de protection.
Un contexte humanitaire alarmant
Cette résolution intervient alors que les chiffres sur la violence en Haïti continuent de choquer la communauté internationale. En 2024, selon les données vérifiées par l’ONU, au moins 5 626 personnes ont été tuées dans le pays, soit plus de 1 000 morts de plus qu’en 2023. À ces chiffres s’ajoutent 2 213 blessés et 1 494 cas d’enlèvements, dont une grande partie liés à l’activité de gangs lourdement armés qui opèrent en toute impunité dans de nombreuses zones urbaines et rurales.
Un soutien symbolique et stratégique
Si elle ne s’accompagne pas encore de mesures coercitives, cette résolution représente un tournant diplomatique important. Elle envoie un message fort : la communauté internationale ne tourne pas le dos à Haïti. Mais elle rappelle aussi, en creux, que la responsabilité première de la sécurité et de la justice incombe aux autorités nationales, lesquelles doivent aujourd’hui redoubler d’efforts pour répondre aux attentes d’une population meurtrie.