Face aux déportations abusives, le chancelier haïtien rencontre l’ambassadeur dominicain et exige le respect des droits humains

Alors que les Haïtiens en République Dominicaine vivent dans la peur des arrestations et des expulsions, le ministre haïtien des Affaires étrangères, Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste, a convoqué l’ambassadeur dominicain pour une réunion cruciale. Cette démarche, annoncée le 25 avril 2025, est un cri d’alarme pour défendre la dignité de nos compatriotes, en Haïti comme dans la diaspora.

Une rencontre pour briser le silence

Ce vendredi 25 avril, la Chancellerie haïtienne a accueilli Faruk Miguel Castillo, ambassadeur de la République Dominicaine en Haïti, pour une discussion franche sur la crise migratoire. Selon un communiqué officiel, le chancelier Jean-Victor Harvel Jean-Baptiste a exprimé les « vives inquiétudes » du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et du gouvernement face aux abus subis par les Haïtiens sur le sol dominicain. « Les autorités dominicaines ferment les yeux sur les arrestations arbitraires et les traitements inhumains », a-t-il dénoncé, pointant du doigt une passivité qui aggrave la situation.

Cette réunion intervient alors que les déportations s’intensifient, notamment après l’entrée en vigueur, le 21 avril, d’un protocole hospitalier controversé. Ce dernier oblige les migrants sans papiers à prouver leur statut migratoire pour accéder aux soins dans 33 hôpitaux publics dominicains, sous peine d’expulsion. Des cas comme celui d’une femme enceinte forcée de monter dans un bus de déportation, relayé par Listin Diario, ont choqué la communauté haïtienne, de Port-au-Prince à Brooklyn.

Un appel au respect des droits humains

Tout en reconnaissant le droit de la République Dominicaine à gérer sa politique migratoire, Jean-Baptiste a exigé que les droits humains des Haïtiens soient respectés. Il a rappelé les obligations du Protocole de rapatriement de 1999, qui impose des expulsions dans des conditions dignes et concertées entre les deux pays. « Nos compatriotes ne doivent pas être traités comme des criminels », a-t-il martelé, dénonçant des pratiques contraires aux conventions internationales.

Le chancelier a également réaffirmé la volonté d’Haïti de construire une relation de « respect mutuel » et de « coexistence pacifique » avec son voisin. Mais face aux 86 000 Haïtiens expulsés au premier trimestre 2025, selon Listin Diario, et à la militarisation de la frontière, cet appel au dialogue semble fragile. L’ambassadeur Castillo s’est engagé à transmettre ces préoccupations à son gouvernement, sans promettre de mesures concrètes.

Un programme de rapatriement volontaire

Pour répondre à la crise, le ministère des Affaires étrangères a lancé un programme de rapatriement volontaire. Déjà, 732 Haïtiens en situation irrégulière sont rentrés au pays, mais leur accueil pose problème dans un Haïti en proie à la violence des gangs et à une crise humanitaire touchant 5,7 millions de personnes. « Nous accompagnons nos compatriotes, c’est une priorité », assure la Chancellerie, qui planifie des mesures pour faciliter leur réintégration, malgré des ressources limitées.

Un dialogue à réinventer

La réunion entre Jean-Baptiste et Castillo est un pas vers la défense des Haïtiens, mais elle met aussi en lumière l’impuissance d’un État fragilisé face à un voisin déterminé. Le CPT, qui a condamné les déportations le 24 avril, insiste sur un dialogue bilatéral, mais les provocations d’Abinader et la militarisation de la frontière compliquent cette voie.

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