Après des affrontements meurtriers à Pacot, Alix Didier Fils-Aimé annonce des mesures pour sécuriser une zone vitale pour les télécommunications

Alors que la violence des gangs secoue Port-au-Prince, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé assure que tout est mis en œuvre pour protéger les sièges de Digicel et Natcom, piliers des télécommunications haïtiennes. Ces annonces, faites après des affrontements sanglants à Pacot, résonnent comme un cri d’urgence pour préserver un lien vital pour les Haïtiens, d’ici et de la diaspora.

Une zone stratégique sous haute tension

Le mardi 23 avril 2025, le quartier de Pacot, à moins d’un kilomètre des sièges de Digicel et Natcom, a été le théâtre d’affrontements violents entre les gangs de la coalition Viv Ansanm, la Police nationale d’Haïti (PNH) et des brigades d’autodéfense de Canapé-Vert.

Face à cette menace, le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a réagi avec fermeté. « C’est une zone que nous considérons comme stratégique », a-t-il déclaré le 23 avril. « Nous avons tenu des réunions avec les responsables de ces compagnies et prenons toutes les dispositions possibles pour sécuriser cette zone importante pour le pays. » Ces paroles visent à rassurer une population dépendante des services de téléphonie et d’internet, essentiels pour rester connectée, que ce soit à Port-au-Prince, à Jacmel ou dans la diaspora à Miami et Montréal.

Digicel et Natcom : le pouls d’Haïti

Digicel et Natcom ne sont pas de simples entreprises : elles sont le cœur battant des communications en Haïti. Que ce soit pour appeler un proche à l’étranger, transférer de l’argent via MonCash ou accéder aux nouvelles sur WhatsApp, ces opérateurs sont indispensables. Un cadre d’une des compagnies, sous couvert d’anonymat, a exprimé une crainte partagée : « Si les deux opérateurs sont affectés, le pays s’éteint. » Les affrontements à Pacot, à quelques rues des bureaux de ces géants, font planer une menace réelle sur leur fonctionnement.

Jean Philippe Brun, responsable de Digicel Haïti, a assuré que l’entreprise « prend toutes les initiatives pour créer de la résilience additionnelle pour ses clients ». Ces mesures incluent des renforcements de la sécurité et des solutions techniques pour maintenir les services, mais la pression est immense. La fermeture récente de l’hôtel Marriott à Turgeau, à proximité, illustre l’impact de l’insécurité sur les institutions clés, et Digicel comme Natcom savent qu’elles sont des cibles potentielles.

Des brigades d’autodéfense au front

Les affrontements du 23 avril ont mis en lumière le courage, mais aussi la vulnérabilité, des brigades d’autodéfense. Composées de citoyens ordinaires, comme ceux de Canapé-Vert, ces groupes tentent de protéger leurs quartiers face à l’avancée des gangs. Les cinq brigadiers tués, pris dans un piège à Pacot, incarnent le sacrifice de ces héros anonymes. « Ils se sont battus pour nous, mais à quel prix ? » s’interroge un résident sur X, reflétant le mélange de gratitude et de désespoir qui anime la communauté.

Ces pertes rappellent celles d’autres quartiers, comme Kenscoff ou Delmas, où les civils, faute de moyens, paient un lourd tribut. La PNH, appuyée par la mission multinationale dirigée par le Kenya (MSS), peine à contenir Viv Ansanm, qui contrôle 85 % de Port-au-Prince. Avec seulement 416 officiers sur les 2 500 prévus, la MSS reste un soutien limité, laissant les brigades en première ligne.

Un enjeu vital pour la diaspora

Pour les Haïtiens de la diaspora, de New York à Paris, Digicel et Natcom sont bien plus que des opérateurs. Ils permettent de garder un lien avec la famille, d’envoyer de l’aide ou de suivre les nouvelles, comme les récents affrontements à Pacot ou la plainte de Fabrice Rouzier contre Burna Boy. Une interruption des services serait catastrophique, coupant ce fil ténu qui unit les Haïtiens du monde entier.

Le gouvernement, conscient de cet enjeu, mise sur une sécurisation rapide de la zone. Mais les défis sont colossaux : routes bloquées, gangs armés et ressources limitées entravent les efforts. Le récent partenariat avec la Banque interaméricaine de développement, signé le 21 avril, promet des investissements à long terme, mais il ne répond pas à l’urgence du moment.

Une lueur d’espoir dans la résistance

Malgré la peur, la résistance s’organise. Les réunions entre le gouvernement et les responsables de Digicel et Natcom montrent une volonté de protéger ces infrastructures vitales. Les brigades d’autodéfense, malgré leurs pertes, inspirent un élan de solidarité, rappelant les combats communautaires dans des villes comme Cap-Haïtien ou Les Cayes.

Mais la question demeure : combien de temps Haïti pourra-t-il tenir face à l’étau des gangs ? À nous, Haïtiens d’ici et de la diaspora, de soutenir ces efforts, que ce soit par la mobilisation, l’information ou la solidarité. Car si Digicel et Natcom restent debout, c’est un peu de notre voix qui continue de résonner. Qu’allons-nous faire pour que ce lien ne se brise pas ?

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