Bruxelles, 13 février 2025 – Les 32 ministres de la Défense de l’Otan se sont réunis ce jeudi 13 février dans un climat tendu, marqué par l’offensive diplomatique de l’administration Trump en direction de Kiev et Moscou. Alors que les Européens insistent pour que rien ne soit décidé sur l’Ukraine sans leur accord, les États-Unis, par la voix de leur ministre de la Défense Pete Hegseth, ont clairement signifié que Washington garde la main sur les négociations. Cette réunion a mis en lumière les divisions croissantes au sein de l’Alliance atlantique, tandis que les Européens s’inquiètent des concessions que Donald Trump pourrait accorder à la Russie.

Les Européens exclus des négociations ?

La réunion des ministres de la Défense de l’Otan a été marquée par la présence de la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, qui a vivement critiqué les concessions envisagées par l’administration Trump envers la Russie. « Un accord dans le dos de l’Europe ne fonctionnera pas », a-t-elle déclaré, rejoignant les préoccupations du ministre allemand de la Défense, Oskar Pistorius, qui a déploré la méthode unilatérale de Donald Trump.

Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer le danger d’une paix imposée qui forcerait l’Ukraine à capituler. Cette inquiétude est partagée par les 23 membres de l’Otan qui sont également membres de l’Union européenne. Pour eux, toute négociation sur l’avenir de l’Ukraine doit inclure les Européens et les Ukrainiens eux-mêmes.

Les États-Unis durcissent le ton

Le ministre américain de la Défense, Pete Hegseth, a toutefois laissé peu de place au doute : les États-Unis entendent garder le contrôle des négociations. « Les dirigeants de nos alliés européens doivent assumer la responsabilité première de la défense du continent, ce qui signifie que tous les alliés doivent s’approprier la sécurité. Et cela commence par une augmentation des dépenses de défense », a-t-il déclaré. Hegseth a insisté sur la nécessité pour les Européens de renforcer leurs armées s’ils veulent peser dans les décisions stratégiques. « Rien ne remplacera le pouvoir dur. Il devrait être évident que l’augmentation des dépenses de défense des alliés européens est essentielle. »

General View

Cette déclaration intervient alors que Donald Trump a affirmé lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche que l’Ukraine serait bien incluse dans les négociations pour mettre fin à la guerre avec la Russie. « Vladimir Poutine veut la paix. Je pense qu’il me le dirait s’il ne le voulait pas », a déclaré le président américain, tout en laissant entendre que les concessions pourraient être importantes.

Les lignes rouges de Washington

L’administration Trump a tracé plusieurs lignes rouges qui inquiètent profondément les Européens. Les États-Unis ont clairement indiqué qu’une adhésion de l’Ukraine à l’Otan n’était pas envisageable, tout comme un retour aux frontières d’avant 2014, incluant la Crimée annexée par la Russie. Ces positions, perçues comme des concessions majeures à Moscou, ont provoqué un choc au siège de l’Otan.

« C’est un grand moment de vérité pour l’avenir de l’Otan », a déclaré le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu. La France craint que les États-Unis ne « cèdent tout » à la Russie dans le cadre des négociations de paix. « Au moment où le président Trump dit : « il faut négocier, il faut imposer la paix par la force », notre inquiétude à nous, Paris, est que cette force ne soit que faiblesse », a-t-il déclaré sur BFMTV.

L’Ukraine exige un plan pour « arrêter » la Russie

Face à ces développements, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté Washington à élaborer un plan pour « arrêter » la Russie avant d’engager des pourparlers de paix. « Les réunions entre l’Ukraine et les États-Unis constituent la priorité pour moi. Et ce n’est qu’après ces réunions, après l’élaboration d’un plan pour arrêter Poutine, que je pense qu’il sera juste de parler aux Russes », a-t-il déclaré.

Zelensky a également insisté sur le fait que toute négociation doit inclure l’Ukraine et ses alliés européens, rejetant l’idée d’un accord conclu « dans leur dos ». Cette position reflète les craintes de Kiev de se voir imposer une paix désavantageuse, qui sacrifierait sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Un avenir incertain pour l’Otan et l’Ukraine

Alors que le Kremlin a affirmé qu’aucune date n’avait encore été fixée pour une rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, les tensions au sein de l’Otan et entre les États-Unis et l’Europe risquent de s’accentuer. Les Européens, sous le choc des déclarations américaines, doivent désormais faire face à une réalité brutale : sans un renforcement significatif de leurs capacités militaires, leur voix risque de compter de moins en moins dans les décisions stratégiques.

Dans ce contexte explosif, l’avenir de l’Ukraine et de l’Otan reste incertain. Les prochains mois seront déterminants pour savoir si les Européens parviendront à s’unir et à peser dans les négociations, ou si l’administration Trump imposera sa vision d’une paix négociée avec la Russie, au détriment des intérêts de Kiev et de ses alliés.

Partager.
Laisser une réponse

Exit mobile version