Le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal ont officiellement reconnu dimanche l’État de Palestine, marquant un tournant diplomatique majeur à la veille de l’Assemblée générale de l’ONU. Une décision qui divise la communauté internationale et attise les tensions au Moyen-Orient.
Dimanche 22 septembre 2025 restera une date marquante dans l’histoire du conflit israélo-palestinien. Quatre nations influentes – le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal – ont simultanément reconnu l’État de Palestine, bravant les pressions américaines et israéliennes dans un geste diplomatique d’une portée considérable.
Cette reconnaissance coordonnée, orchestrée à quelques jours de la 80e Assemblée générale de l’ONU, témoigne d’un basculement dans l’opinion internationale face au conflit qui ravage Gaza depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
Un front uni pour la solution à deux États
Les dirigeants de ces quatre pays ont tous invoqué la nécessité de « raviver l’espoir de paix » et de préserver la possibilité d’une solution à deux États. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a justifié cette décision historique par la volonté de relancer le processus de paix, tandis que son homologue canadien Mark Carney l’inscrit « dans le cadre d’un effort international concerté ».
En Australie, Anthony Albanese a mis en avant « les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine », tandis que le ministre des Affaires étrangères portugais Paulo Rangel a qualifié cette reconnaissance d' »accomplissement d’une politique fondamentale et cohérente ».
Riposte israélienne et menace d’escalade
La réaction israélienne ne s’est pas fait attendre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a immédiatement menacé d’étendre la colonisation en Cisjordanie occupée, martelant qu' »aucun État palestinien ne verra le jour à l’ouest du Jourdain ». Plus radical encore, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir a proposé l’annexion « immédiate » de la Cisjordanie.
Cette escalade verbale illustre l’isolement diplomatique croissant d’Israël, qui voit ses alliés historiques prendre leurs distances face à la situation humanitaire catastrophique à Gaza.
Une vague diplomatique qui s’amplifie
Cette reconnaissance n’est que le prélude à un mouvement plus large. Lors d’un sommet franco-saoudien prévu lundi, une dizaine d’autres pays doivent confirmer leur reconnaissance formelle de l’État palestinien. La France, par la voix d’Emmanuel Macron, a d’ailleurs posé ses conditions : l’ouverture d’une ambassade en Palestine sera conditionnée à la libération des otages israéliens détenus par le Hamas.
Cette mobilisation diplomatique contraste avec la position américaine. En visite au Royaume-Uni, le président Donald Trump a exprimé son désaccord avec le choix britannique, illustrant le fossé grandissant entre Washington et ses alliés européens sur cette question.
Un contexte de guerre qui perdure
Ces annonces interviennent alors qu’Israël intensifie son offensive à Gaza, où l’armée mène une vaste campagne militaire pour « anéantir le Hamas ». Selon les derniers bilans, l’attaque du 7 octobre 2023 a coûté la vie à 1 219 Israéliens, majoritairement des civils, tandis que les représailles israéliennes ont fait 65 062 victimes palestiniennes, selon le ministère de la Santé de Gaza contrôlé par le Hamas.
Mardi dernier, une commission d’enquête indépendante de l’ONU a établi qu’Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, accusations fermement niées par les autorités israéliennes.
Un symbole fort à Paris
Pour marquer cette journée historique, Paris a choisi un geste symbolique fort : les drapeaux palestinien et israélien, reliés par une colombe tenant un rameau d’olivier, ont été projetés dimanche soir sur la tour Eiffel. Un message d’espoir dans un contexte où la paix semble plus lointaine que jamais.
Avec les trois quarts des 193 États membres de l’ONU reconnaissant désormais l’État palestinien, cette vague diplomatique marque-t-elle le début d’un nouveau chapitre dans la résolution du conflit israélo-palestinien ? L’Assemblée générale de l’ONU de cette semaine pourrait apporter des éléments de réponse cruciaux.