Gaza, 10 février 2025 – La trêve fragile entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza est menacée après l’annonce, lundi, par le mouvement palestinien, du report sine die de la libération d’otages israéliens prévue dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu. Le Hamas accuse Israël de violer les termes de l’accord, tandis qu’Israël riposte en ordonnant à son armée de se préparer à « tous les scénarios ». Cette escalade verbale intervient dans un contexte déjà tendu, exacerbé par les récentes déclarations de Donald Trump sur un plan controversé pour Gaza.

Un accord de trêve au bord de l’effondrement

Le Hamas a annoncé lundi 10 février qu’il reportait indéfiniment la libération d’otages israéliens prévue samedi, accusant Israël de ne pas respecter les termes de l’accord de cessez-le-feu. Un porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abou Obeïda, a déclaré sur Telegram : « Le Hamas ne libérera plus aucun otage tant qu’Israël ne respectera pas l’accord. » Cependant, quelques heures plus tard, le mouvement islamiste a laissé entendre que la porte restait « ouverte » pour un nouvel échange d’otages et de prisonniers.

En réponse, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a accusé le Hamas de violer l’accord et a ordonné à l’armée de se préparer à « tous les scénarios ». L’armée israélienne a annoncé renforcer ses positions autour de la bande de Gaza avec des troupes supplémentaires pour des missions défensives, signalant une possible reprise des hostilités.

Trêve à Gaza fragilisée

Les négociations au point mort

La délégation israélienne, qui s’était rendue au Qatar pour négocier la deuxième phase de l’accord, est rentrée en Israël sans avoir obtenu de progrès significatifs. Selon un responsable palestinien proche des discussions, la défiance entre les deux parties entrave tout avancement. « Les deux camps s’accusent mutuellement de violer les termes de l’accord, ce qui rend les négociations très difficiles », a-t-il expliqué.

Cette impasse intervient à mi-chemin de la première phase du cessez-le-feu, qui devait durer 42 jours. Jusqu’à présent, 16 des 33 otages israéliens prévus pour cette phase ont été libérés, en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens. Cependant, les tensions persistent, notamment autour de l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza et des conditions de détention des otages.

Le plan Trump pour Gaza : une source de tensions supplémentaires

Les déclarations de l’ancien président américain Donald Trump, diffusées lundi sur Fox News, ont ajouté une couche de complexité à la situation. Trump a évoqué un plan de reconstruction de Gaza qui exclurait le retour des Palestiniens dans la bande côtière. « Je parle de leur construire un lieu de vie permanent, car s’ils devaient revenir, cela prendrait des années – Gaza n’est pas habitable », a-t-il déclaré. Il a également suggéré que la Jordanie ou l’Égypte pourraient accueillir les Gazaouis.

Ces propos, qualifiés par certains de « nettoyage ethnique » au regard du droit international, ont été soutenus par des ministres ultranationalistes du gouvernement israélien, ce qui a provoqué la colère du Hamas et des médiateurs régionaux, notamment l’Égypte. Le Caire accuse Israël de « mettre des bâtons dans les roues » des négociations en retardant le retrait de ses troupes et en poursuivant ses opérations de surveillance aérienne.

Des otages et prisonniers dans un état alarmant

L’état physique des otages libérés et des prisonniers palestiniens a également alimenté les tensions. Les images d’anciens otages israéliens et de détenus palestiniens « émaciés » ont été qualifiées de « profondément perturbantes » par les Nations unies, qui ont appelé les deux parties à garantir un traitement humain à toutes les personnes détenues.

En Israël, l’opinion publique a été choquée par l’état de santé d’Ohad Ben Ami, Eli Sharabi et Or Levy, trois otages libérés samedi. Le Hamas, de son côté, reproche à Israël de ne pas permettre l’entrée suffisante d’aide humanitaire à Gaza, une accusation rejetée par Tel-Aviv.

Un avenir incertain pour Gaza

Alors que la trêve semble plus fragile que jamais, l’avenir de Gaza reste incertain. Les déclarations de Trump et le soutien apparent du gouvernement israélien à son plan ont exacerbé les craintes d’une reprise des hostilités. Le Hamas, échaudé par ces propos, a averti qu’il ne libérerait plus d’otages tant qu’Israël ne respecterait pas l’accord de cessez-le-feu.

Dans ce contexte, les médiateurs internationaux, dont l’Égypte et le Qatar, tentent de maintenir le dialogue entre les deux parties. Cependant, sans un engagement clair des deux côtés, la trêve risque de s’effondrer, plongeant à nouveau Gaza dans un cycle de violence.

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