Le président américain Donald Trump a livré mardi un discours fracassant devant l’Assemblée générale de l’ONU, multipliant les critiques contre l’organisation internationale et l’Europe, tout en opérant un changement de cap spectaculaire sur le conflit ukrainien. Une intervention qui illustre le retour en force de l’unilatéralisme américain sur la scène mondiale.

Un discours dans le silence, loin des rires de 2018

Contrairement à son intervention de 2018 qui avait provoqué l’hilarité des délégués, Donald Trump s’est cette fois exprimé dans un silence quasi-religieux. Le milliardaire de 79 ans a revendiqué avoir mis fin à « sept guerres » et mériter un prix Nobel de la paix, dressant une liste hétéroclite de conflits pour justifier ses prétentions.

Cette prestance nouvelle du président américain reflète un changement d’atmosphère palpable dans les relations internationales. Les dirigeants occidentaux, échaudés par les politiques protectionnistes et nationalistes trumpiennes, ne semblent plus d’humeur à sourire face aux provocations présidentielles.

Immigration : l’ONU dans le viseur

Trump a particulièrement visé les programmes d’aide aux migrants de l’ONU, accusant l’organisation de « financer une attaque contre les pays occidentaux et leurs frontières ». Cette charge intervient alors que le président américain a lancé une vaste opération d’expulsions d’immigrés en situation irrégulière sur le territoire américain.

« Il est temps de mettre fin à l’expérimentation ratée des frontières ouvertes… Vos pays vont en enfer ! » a-t-il déclaré, s’adressant directement aux délégués présents. Une rhétorique qui résonne particulièrement dans un contexte où de nombreux Haïtiens tentent encore de rejoindre les États-Unis, malgré les politiques migratoires restrictives.

Pour les familles haïtiennes de la diaspora, ces déclarations sonnent comme un rappel brutal des défis que continue de représenter l’immigration vers le « pays de l’Oncle Sam », destination traditionnelle de nombreux compatriotes en quête d’une vie meilleure.

Climat et énergie : Trump persiste et signe

Le président américain n’a pas dérogé à ses positions climatosceptiques, qualifiant le changement climatique de « plus grande arnaque » jamais vue et critiquant vivement les politiques européennes de soutien aux énergies renouvelables. Une position qui contraste fortement avec les préoccupations environnementales d’Haïti, pays particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles et aux dérèglements climatiques.

Palestine : un « non » catégorique à la reconnaissance

Sur le dossier palestinien, Trump s’est montré inflexible, estimant que reconnaître un État palestinien reviendrait à « récompenser » les « atrocités » du Hamas. Cette position intervient après que la France s’est jointe aux quelque 150 pays favorables à cette reconnaissance historique.

Le président américain s’est toutefois entretenu avec les dirigeants de plusieurs pays musulmans, dont le Qatar, l’Arabie saoudite et la Turquie, exprimant l’espoir de « trouver une solution pour Gaza ».

Ukraine : le revirement qui surprend

Le moment le plus inattendu du discours a concerné l’Ukraine. Après avoir longtemps critiqué l’aide américaine à Kiev, Trump a opéré un revirement spectaculaire, affirmant que l’Ukraine pourrait « regagner son territoire dans sa forme originelle et peut-être même aller plus loin » face à la Russie.

Plus provocateur encore, il a qualifié la Russie de « tigre de papier », estimant qu’une « vraie puissance militaire » aurait remporté cette guerre « en moins d’une semaine ». Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est empressé de saluer ce « grand tournant » dans la position américaine.

Des tensions diplomatiques qui s’accentuent

Ce discours a provoqué des remous dans les chancelleries européennes. Un diplomate européen a confié à l’AFP que « les Européens devraient s’inquiéter de futures ingérences américaines dans leurs affaires intérieures ».

La France, par la voix d’Emmanuel Macron, a notamment réagi aux prétentions trumpiennes au prix Nobel, soulignant que cela n’était « possible que si vous arrêtez le conflit » à Gaza.

Avec ce discours à l’ONU, Donald Trump confirme son retour à une diplomatie de confrontation qui redessine les équilibres géopolitiques mondiaux. Pour Haïti, qui navigue entre ses relations historiques avec les États-Unis et ses partenariats internationaux, ces nouvelles tensions représentent autant de défis diplomatiques à anticiper. Comment Port-au-Prince saura-t-elle tirer son épingle du jeu dans ce nouvel ordre mondial en ébullition ?

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