Les autorités bahaméennes refusent catégoriquement l’entrée sur leur territoire aux Haïtiens souhaitant traiter leurs demandes de visa d’immigrant pour les États-Unis. Cette décision survient juste après que Washington ait désigné Nassau comme nouveau centre de traitement, créant un véritable casse-tête administratif pour des milliers de familles haïtiennes.
Une nouvelle tuile s’abat sur les Haïtiens rêvant de retrouver leurs proches aux États-Unis. Alors que le Département d’État américain venait d’annoncer le 28 août dernier que l’ambassade américaine de Nassau aux Bahamas traiterait désormais les demandes de visa d’immigrant haïtien à partir du 1er novembre, le gouvernement bahaméen a jeté un pavé dans la mare.
Une porte qui se referme brutalement
Dans une déclaration qui a pris de court la communauté haïtienne, le Bureau du Premier ministre des Bahamas a été clair comme de l’eau de roche : aucun Haïtien ne sera autorisé à fouler le sol bahaméen pour traiter sa demande de visa américain. Point final.
La justification ? Les autorités de Nassau invoquent l’interdiction de voyage imposée par Donald Trump aux ressortissants haïtiens en juin dernier. « Puisque les États-Unis interdisent totalement l’entrée des Haïtiens sur leur territoire, nous n’accorderons pas l’entrée aux Bahamas pour les demandes de visa américain », a tranché l’administration Davis.
Un cercle vicieux kafkaïen
La situation frôle l’absurde. D’un côté, les États-Unis exigent que les Haïtiens se rendent à Nassau pour leurs entretiens de visa d’immigrant. De l’autre, les Bahamas leur interdisent l’entrée pour cette même raison. Résultat : des familles séparées depuis des années se retrouvent dans une impasse administrative qui semble sans issue.
Cette décision touche particulièrement les Haïtiens de la diaspora qui tentent de faire venir leurs parents restés au pays, ou encore ceux qui ont entamé des démarches de regroupement familial avant que la crise ne s’aggrave.
Haïti dans l’étau des restrictions
Depuis juin 2025, Haïti figure sur la liste noire de 12 pays dont les ressortissants sont interdits d’entrée aux États-Unis. Trump justifie cette mesure par « l’afflux de migrants illégaux haïtiens » et l’absence « d’une autorité centrale disponible » capable de garantir la sécurité américaine.
Sur le terrain, la réalité est effectivement préoccupante. Port-au-Prince reste sous l’emprise des gangs armés, malgré la présence de policiers kenyans dans le cadre de la mission internationale. Le conseil présidentiel de transition, mis en place avec l’aide de la CARICOM après la démission d’Ariel Henry, peine à restaurer la stabilité.
Et maintenant ?
Cette nouvelle impasse soulève des questions cruciales pour la diaspora haïtienne. Comment les familles pourront-elles se retrouver ? Quelles alternatives s’offrent à ceux qui ont déjà investi temps et argent dans ces démarches ?
La communauté haïtienne, habituée à naviguer dans les méandres administratifs, devra une fois de plus faire preuve de résilience et d’ingéniosité. Mais jusqu’à quand cette situation intenable pourra-t-elle durer ? La balle est désormais dans le camp des diplomaties américaine et bahaméenne pour trouver une solution qui ne sacrifie pas les droits fondamentaux des familles sur l’autel des considérations politiques.