Vers un durcissement inédit de la politique américaine face à la crise sécuritaire en Haïti

Les autorités américaines s’apprêtent à franchir un cap décisif dans leur politique étrangère vis-à-vis d’Haïti. Selon des informations relayées par le Miami Herald, l’administration de Joe Biden envisage de désigner plusieurs groupes armés opérant en Haïti, ainsi que leurs soutiens financiers et logistiques, comme des entités terroristes internationales.

Parmi les cibles potentielles de cette nouvelle mesure : les coalitions criminelles regroupées sous le nom de Viv Ansanm et le gang Gran Grif, qui sévit principalement dans la région de l’Artibonite. Une fois classés comme « terroristes mondiaux spécialement désignés », ces groupes pourraient faire l’objet de sanctions renforcées, notamment sur le plan judiciaire et financier.

Un haut fonctionnaire du département d’État, interrogé par le Miami Herald, a expliqué que cette désignation offrirait aux autorités américaines de nouveaux leviers pour poursuivre en justice toute personne ou entité apportant un soutien matériel à ces gangs. Cela inclurait aussi bien les trafiquants d’armes internationaux que certains acteurs politiques haïtiens accusés de complicité. « Ceux qui ont alimenté l’impunité et la violence devront enfin rendre des comptes », a-t-il insisté.

Autre piste à l’étude : le transfert éventuel de chefs de gangs vers le redouté centre carcéral CECOT au Salvador – une prison à haute sécurité conçue pour accueillir des membres de cartels et d’organisations criminelles transnationales comme le MS-13 ou le Tren de Aragua. Toutefois, une telle mesure ne pourrait être mise en œuvre sans l’accord du ministère haïtien de la Justice.

Cette initiative américaine s’inscrit dans un contexte de détérioration extrême de la situation sécuritaire en Haïti. Le pays est aujourd’hui confronté à une spirale de violences : déplacements massifs de populations, insécurité alimentaire aiguë, et une capitale, Port-au-Prince, presque totalement coupée du reste du pays par les groupes armés.

Malgré les sanctions internationales déjà imposées à plusieurs figures du monde politique et économique haïtien, accusées d’entretenir des liens avec les gangs, la dynamique de terreur ne faiblit pas. La CARICOM, appuyée par plusieurs pays occidentaux, a récemment exprimé ses inquiétudes quant à une possible tentative des gangs de renverser l’actuel gouvernement de transition.

Si cette requalification se concrétise, elle pourrait marquer un tournant dans la coopération internationale contre l’insécurité en Haïti et ouvrir la voie à des poursuites plus systématiques contre ceux qui alimentent, depuis l’intérieur comme de l’extérieur, la crise haïtienne.

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