Plus d’un million de dollars d’armes et de drogues destinées à alimenter la violence en Haïti ont été saisis par les autorités américaines cette année. Une guerre silencieuse se joue aux frontières pour empêcher que notre pays ne sombre davantage dans le chaos.

L’information tombe comme un couperet : 23 000 armes et une quantité importante de stupéfiants en route vers Haïti ont été interceptés par les services américains en 2025. Derrière ce chiffre vertigineux se cache une réalité que nos compatriotes connaissent trop bien : chaque arme qui traverse les frontières alimente la machine infernale des gangs qui terrorisent nos quartiers.

Un million de dollars de mort intercepté

Quand l’ambassade américaine à Port-au-Prince révèle que ces saisies représentent plus d’un million de dollars, on mesure l’ampleur du business criminel qui prospère sur le dos d’Haïti. Pour nos familles qui peinent à joindre les deux bouts, qui voient leurs transferts d’argent fondre face à la dépréciation de la gourde, cette somme donne le tournis.

Imaginez : un million de dollars qui aurait pu servir à construire des écoles, des hôpitaux, ou des routes. Au lieu de cela, cet argent était destiné à transformer notre pays en champ de bataille. Les gangs comme Gran Grif et Viv Ansanm n’ont pas besoin de chercher loin leurs armes : elles arrivent par containers entiers, camouflées dans des marchandises légales.

La géographie du malheur

Haïti figure désormais sur la liste noire de Donald Trump : celle des 23 pays responsables de l’approvisionnement et du transport de drogues vers les États-Unis. Une bien triste distinction pour la « Perle des Antilles » qui se retrouve aux côtés de cartels sud-américains et de réseaux internationaux.

Cette inscription n’est pas accidentelle. Notre position géographique, entre la Colombie et les États-Unis, fait d’Haïti une plaque tournante idéale pour les trafiquants. Nos côtes déchiquetées, nos frontières poreuses avec la République dominicaine, et surtout l’effondrement de nos institutions offrent un terrain de jeu parfait aux criminels.

L’avertissement de Washington

Henry Wooster, le chargé d’affaires américain, ne prend pas de gants. Sa mise en garde contre « les politiciens et chefs de gangs qui entraveraient la transition » sonne comme un ultimatum. Pour nos compatriotes qui suivent la politique haïtienne depuis l’étranger, ce message est clair : Washington ne tolérera plus les jeux d’alliance entre élites politiques et groupes armés.

Car c’est là le nœud du problème. Ces armes ne tombent pas du ciel dans les mains des gangs. Elles passent par des réseaux complexes où se mélangent intérêts économiques et calculs politiques. Combien de nos « dirigeants » ferment les yeux contre quelques billets verts ?

L’engrenage infernal

Chaque arme qui échappe aux contrôles américains et arrive en Haïti nourrit directement la spirale de violence qui pousse nos concitoyens sur les routes de l’exil. Ces 1,3 million de déplacés internes, ces familles entassées dans des camps insalubres, ces enfants qui ne peuvent plus aller à l’école : tout cela a un lien direct avec ces conteneurs d’armes.

Pour nos compatriotes de la diaspora qui hésitent encore à rentrer au pays, qui reportent leurs visites ou annulent leurs projets d’investissement, ces révélations confirment leurs pires craintes. Comment construire quand la destruction arrive par bateau-cargo ?

Une collaboration nécessaire mais insuffisante

L’ambassade américaine promet de « continuer à collaborer avec Haïti » pour lutter contre ces trafics. Mais collaborer avec qui exactement ? Avec un État fantôme ? Avec des institutions déstructurées ? Avec une police débordée qui manque de tout ?

La proposition américaine de déployer une force internationale de répression des gangs prend tout son sens dans ce contexte. Car pendant que Washington intercepte les armes à ses frontières, qui s’occupe de celles qui ont déjà traversé ?

L’interception de ces 23 000 armes par les États-Unis révèle l’ampleur d’un fléau qui dépasse nos frontières. Mais cette victoire ponctuelle ne doit pas masquer l’essentiel : tant que nos institutions resteront faibles et que la corruption gangrenera notre société, d’autres cargaisons prendront la route d’Haïti. La vraie bataille se joue chez nous, dans nos consciences et nos choix collectifs.

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