Washington, 7 février 2025 – Fidèle à sa ligne dure vis-à-vis des institutions internationales, Donald Trump a signé ce lundi un décret officialisant le retrait des États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Une décision qui relance le débat sur le rôle américain dans la gouvernance sanitaire mondiale et suscite de vives réactions au sein de la communauté scientifique et politique.

Un geste attendu mais controversé

À peine revenu à la Maison-Blanche après sa victoire à l’élection de 2024, Donald Trump n’a pas tardé à reprendre une de ses décisions phares de son premier mandat. Déjà en 2020, il avait tenté de couper les ponts avec l’OMS, accusant l’institution d’être sous l’influence de la Chine et d’avoir mal géré la crise du COVID-19.

« L’OMS nous a escroqués », a déclaré le président en signant le décret. « Nous avons donné 500 millions de dollars alors que la Chine ne verse que 39 millions. Ce n’est pas juste, et nous refusons de continuer à financer une organisation qui ne sert pas nos intérêts. »

Dans le texte signé, Trump ordonne aux agences fédérales américaines de suspendre immédiatement tout financement de l’OMS et d’explorer des alternatives pour maintenir la coopération sanitaire internationale à travers des partenaires jugés plus fiables.

Un coup dur pour l’OMS et la santé mondiale

Les États-Unis étant le plus grand contributeur de l’OMS, ce retrait risque d’affecter profondément le fonctionnement de l’organisation. Selon l’OMS, Washington finance environ 15 % de son budget annuel, soit entre 160 et 815 millions de dollars par an. Cet argent sert notamment à financer la lutte contre des maladies comme la polio, la tuberculose ou le paludisme.

Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a réagi sur X (anciennement Twitter), exprimant ses regrets :

« Les États-Unis ont toujours été un pilier du système de santé mondiale. Nous espérons qu’ils reviendront sur leur décision, car ce retrait met en péril des décennies de progrès dans la lutte contre les pandémies et les maladies infectieuses. »

Un risque sanitaire accru ?

Les experts en santé publique s’inquiètent des conséquences de cette décision, notamment en matière de prévention des pandémies. Les États-Unis risquent de perdre l’accès privilégié aux données épidémiologiques mondiales, compliquant leur capacité à anticiper les nouvelles menaces sanitaires.

« Ce retrait affaiblit l’Amérique, augmente le risque d’une pandémie et nous rend tous plus vulnérables », a averti Tom Frieden, ancien directeur des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

Cette inquiétude est renforcée par l’actuelle circulation du virus de la grippe aviaire H5N1, qui a déjà provoqué un décès humain aux États-Unis début janvier. Sans l’OMS, le pays pourrait avoir plus de mal à coordonner sa réponse face à une éventuelle crise sanitaire mondiale.

Un débat politique relancé

La décision de Trump a immédiatement déclenché une levée de boucliers au sein de la classe politique américaine. Les démocrates dénoncent une rupture irresponsable avec les institutions internationales, tandis que certains républicains saluent une mesure visant à préserver la souveraineté américaine.

Joe Biden, qui avait annulé la première tentative de retrait de Trump en 2021, a réagi en qualifiant cette décision de « dangereuse et irresponsable ». De son côté, l’ancien président Barack Obama a posté sur X :

« En ces temps incertains, nous avons plus que jamais besoin de coopération internationale en matière de santé. Se retirer de l’OMS est une grave erreur. »

Quelles conséquences à long terme ?

Si le retrait est effectivement mis en œuvre, il pourrait prendre jusqu’à un an pour être effectif, conformément aux règles de l’ONU. Entre-temps, des négociations pourraient encore avoir lieu pour tenter de trouver un compromis.

Mais une chose est sûre : en coupant les ponts avec l’OMS, les États-Unis envoient un signal fort de désengagement vis-à-vis de la coopération internationale, une posture qui pourrait redéfinir durablement leur rôle sur la scène sanitaire mondiale.

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