Premier sommet mondial au Brésil pour contrer un virus qui fait trembler l’agriculture et pourrait déclencher une crise sanitaire planétaire. L’Amérique latine, proche d’Haïti, est en première ligne de cette bataille cruciale.

La grippe aviaire n’est plus cette maladie lointaine qui ne touchait que quelques fermes isolées. Depuis 2020, ce virus hautement contagieux s’est répandu comme une traînée de poudre sur tous les continents, semant la panique dans les élevages et inquiétant les experts de la santé mondiale. Face à cette menace grandissante, le Brésil a accueilli en septembre le tout premier dialogue mondial rassemblant 500 experts, décideurs politiques et acteurs du secteur privé.

Une menace qui dépasse les frontières

« La grippe aviaire n’est plus une menace sporadique ; elle devient un défi mondial », a averti Beth Bechdol, Directrice générale adjointe de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). Cette déclaration résonne particulièrement fort dans notre région caribéenne, où les échanges commerciaux et les migrations d’oiseaux ne connaissent pas de frontières.

Le virus, qui infecte principalement les volailles, s’est déjà propagé à 83 espèces de mammifères, y compris les vaches laitières. Pour un pays comme Haïti, où l’élevage de volailles représente une source de protéines essentielle et un moyen de subsistance pour de nombreuses familles rurales, cette expansion est particulièrement préoccupante.

Le Brésil montre l’exemple

Carlos Favaro, ministre brésilien de l’Agriculture, a souligné l’importance de la transparence et de la rapidité d’action : « Lorsque la grippe aviaire a été détectée dans une ferme commerciale cette année, le Brésil a fait preuve d’une différence décisive. Notre réponse rapide et efficace a mis en évidence la solidité de notre système sanitaire. »

Cette approche brésilienne offre des leçons précieuses pour Haïti et les autres pays de la Caraïbe, où les systèmes de surveillance vétérinaire nécessitent souvent un renforcement. L’exemple du géant sud-américain montre qu’une détection précoce et une réaction coordonnée peuvent limiter considérablement les dégâts.

Des enjeux qui touchent directement les Haïtiens

Pour les familles haïtiennes, tant sur l’île qu’en diaspora, cette crise sanitaire animale pourrait avoir des répercussions directes :

  • Sécurité alimentaire : Une épidémie de grippe aviaire pourrait décimer les élevages locaux, réduisant l’accès aux protéines abordables
  • Économie familiale : De nombreuses familles rurales dépendent de l’élevage de poules pondeuses pour générer des revenus
  • Prix des denrées : Les restrictions commerciales liées aux épidémies peuvent faire flamber les prix des œufs et de la viande de volaille
  • Diaspora : Les Haïtiens à l’étranger, notamment aux États-Unis, pourraient voir les prix alimentaires augmenter en cas de crise majeure

Une approche « Une seule santé »

Les experts réunis au Brésil ont mis l’accent sur l’approche « Une seule santé », qui reconnaît les liens indissociables entre la santé humaine, animale et environnementale. Cette vision holistique est particulièrement pertinente pour Haïti, où la proximité entre humains et animaux dans les cours rurales peut faciliter la transmission de maladies.

Le Dr Thanawat Tiensin, vétérinaire en chef de la FAO, a insisté sur trois piliers essentiels : « L’amélioration de la surveillance, de la biosécurité et de la vaccination, combinée à une lutte rapide contre la maladie, sont essentielles pour contrôler cette maladie. »

L’urgence d’agir ensemble

Ricardo Santin, président de l’Association brésilienne des protéines animales, a rappelé que « cette question a un impact direct sur les flux commerciaux et, par conséquent, sur l’inflation et la sécurité alimentaire mondiale. »

Cette réalité touche de plein fouet les pays importateurs comme Haïti, déjà vulnérables aux chocs économiques externes. Une pandémie de grippe aviaire pourrait aggraver l’insécurité alimentaire dans un pays où près de la moitié de la population souffre déjà de malnutrition.

Face à cette menace grandissante, Haïti ne peut se permettre d’attendre. Le renforcement des systèmes de surveillance vétérinaire, la formation des éleveurs aux bonnes pratiques et la coordination avec les pays voisins deviennent des priorités absolues. Car comme l’ont rappelé les experts réunis au Brésil : face à un virus qui ne connaît pas de frontières, aucun pays ne peut lutter seul.

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