Quinze ans après le séisme, où en est la reconstruction en Haïti ?
Le week-end du 12 janvier 2025 marquait un triste anniversaire : 15 ans se sont écoulés depuis le tremblement de terre dévastateur qui a frappé Port-au-Prince et ses environs, causant environ 300 000 morts et des dégâts matériels colossaux. Si la communauté internationale avait mobilisé des milliards pour aider le pays à se relever, le bilan reste décevant.
Selon Antoine Rivière, géographe et doctorant à l’Université Paris 8, la coordination chaotique entre les multiples agences internationales, les ONG et les institutions locales a entravé la reconstruction. « Les ministères haïtiens, déjà fragiles avant le séisme, ont été encore plus affaiblis par la catastrophe », explique-t-il. En conséquence, les décisions ont été largement prises par les acteurs internationaux, souvent sans vision cohérente. Le centre-ville de Port-au-Prince, pourtant stratégique, reste un amas de ruines malgré les nombreuses annonces de projets ambitieux au fil des années.
Michel Martelly, élu président en 2011 sur la promesse de relancer la reconstruction, a procédé à de nombreuses inaugurations. Toutefois, « très peu de ces chantiers ont été menés à terme », déplore Antoine Rivière.

L’arrestation de Prophane Victor secoue la scène politique
Dimanche 12 janvier 2025, une autre nouvelle a fait les gros titres en Haïti : l’arrestation de Prophane Victor, ancien député et figure influente du parti Bouclier, allié historique du PHTK de Michel Martelly. Victor est accusé de liens avec des gangs armés opérant dans l’Artibonite, une région en proie à l’insécurité.
Déjà sanctionné par le Canada, le Trésor américain et l’ONU pour ses connexions présumées avec des groupes criminels, Prophane Victor fait désormais l’objet d’une enquête approfondie. Celle-ci met également en lumière des accusations visant Magalie Habitant, ancienne directrice du Service national de gestion des résidus solides, suspectée de collaborations avec la coalition de gangs « Vivre ensemble ».
Lors d’une interview sur Magik 9, Leslie Voltaire, chef du Conseil présidentiel de transition, a exprimé son indignation face aux alliances entre certains partis politiques et des groupes criminels. « Ces connivences menacent la République d’Haïti », a-t-il affirmé. Cette déclaration fait écho aux propos récents de Liné Balthazar, président du PHTK, qui avait admis que certains gangs collaboraient avec des forces politiques pour « trouver une solution à la crise ».
Alors que la population haïtienne attend des mesures concrètes pour garantir sécurité et justice, ces révélations renforcent les inquiétudes quant à l’implication de figures politiques dans l’aggravation de la crise sécuritaire.
Entre reconstruction inachevée et instabilité politique, l’avenir d’Haïti reste incertain. Quinze ans après le séisme, les défis sont immenses, mais le pays ne peut espérer un redressement sans une refonte en profondeur de ses institutions et une lutte acharnée contre la corruption et l’insécurité.