Une décision de l’administration Trump qui divise

Ce 2 mai 2025, l’administration Trump a désigné les gangs haïtiens Viv Ansanm et Gran Grif comme « terroristes étrangers et mondiaux », une mesure visant à freiner leur violence, mais qui suscite des inquiétudes pour l’aide humanitaire. Un tournant qui interpelle les Haïtiens, d’ici et de la diaspora.

Une désignation choc contre les gangs haïtiens
Selon le Miami Herald, l’administration Trump, via le secrétaire d’État Marco Rubio, a classé ce vendredi 2 mai 2025 la coalition Viv Ansanm et le gang Gran Grif comme des « terroristes étrangers et mondiaux ». Viv Ansanm, qui regroupe 27 gangs et contrôle 90 % de Port-au-Prince, et Gran Grif, dominant l’Artibonite, rejoignent ainsi des groupes criminels latino-américains comme le Tren de Aragua vénézuélien sur la liste noire du Département d’État américain.

Rubio, qui voit dans ces gangs une menace pour la sécurité des États-Unis, accuse ces groupes de vouloir transformer Haïti en un hub de narcotrafic. Cette désignation entraîne des sanctions lourdes : toute personne ou entité soutenant ces gangs, même à l’étranger – en France ou en Australie – risque des poursuites pénales, des expulsions ou des interdictions d’entrée aux États-Unis. À Miami, où la diaspora suit de près la crise haïtienne, cette décision est perçue comme un signal fort, mais aussi source d’inquiétudes.

Une violence qui asphyxie Haïti
Viv Ansanm, dirigé par Jimmy « Barbecue » Chérizier et Vitel’homme Innocent, et Gran Grif, fondé par l’ex-député Prophane Victor, sèment la terreur. Depuis février 2024, Viv Ansanm multiplie les attaques coordonnées contre des commissariats, des hôpitaux et des quartiers, submergeant la Police nationale d’Haïti (PNH) et la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS). Gran Grif, responsable du massacre de 115 personnes à Pont-Sondé en octobre 2024, a aussi tué des policiers et deux membres de la MSS.

Lundi dernier, les deux gangs ont encore frappé : Viv Ansanm près du palais présidentiel et Gran Grif dans l’Artibonite, où des habitants ont fui dans une rivière pour échapper aux enlèvements. Selon l’ONU, 5 600 Haïtiens sont morts en 2024 à cause des gangs, et 1 600 autres ont été tués au premier trimestre 2025. Aux Cayes ou à Cap-Haïtien, la peur d’une contagion de la violence grandit.

Des conséquences humanitaires préoccupantes
Si cette désignation vise à responsabiliser les gangs, elle pourrait compliquer l’aide humanitaire. Vanda Felbab-Brown, experte à la Brookings Institution, met en garde : les organisations risquent de réduire leur assistance par peur de sanctions, alors que 5,7 millions d’Haïtiens souffrent de la faim, dont 2 millions au bord de la famine, selon le Programme Alimentaire Mondial. À Port-de-Paix, où les habitants dépendent de cette aide, ou à Montréal, où la diaspora envoie des fonds pour survivre, cette crainte est partagée.

Felbab-Brown souligne aussi le risque pour les Haïtiens aux États-Unis, qui pourraient être étiquetés « terroristes » sur des bases fragiles, comme cela s’est vu avec des Vénézuéliens envoyés dans une prison de haute sécurité au Salvador. Les commerçants haïtiens, forcés de payer des péages aux gangs pour travailler, pourraient aussi être ciblés.

Un équilibre à trouver pour Haïti
Cette décision de l’administration Trump est un coup dur pour les gangs, mais elle pose des défis majeurs pour l’aide humanitaire et les Haïtiens eux-mêmes. Alors que le pays sombre dans la violence, les Haïtiens, d’Anse-à-Pitres à New York, espèrent une solution qui protège à la fois leur sécurité et leur survie. Comment concilier lutte contre les gangs et soutien au peuple haïtien ? Votre avis compte !

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