Plus de 11,5 milliards de gourdes collectées en juillet 2025 : un exploit remarquable pour l’administration douanière haïtienne qui parvient à maintenir ses performances malgré la fermeture de postes frontières stratégiques et les attaques de gangs armés. Ces chiffres révèlent une résilience économique qui contraste avec la crise sécuritaire.

Un record dans la tourmente

Quand on évoque Haïti aujourd’hui, les gros titres parlent souvent d’insécurité, de gangs et de paralysie institutionnelle. Pourtant, au cœur de cette tempête, l’Administration générale des douanes vient de réaliser un exploit : 11,589,169,291.55 gourdes de recettes en juillet 2025, soit le montant le plus élevé jamais enregistré pour un mois de juillet.

Ce record prend une dimension particulière quand on sait que des postes frontières majeurs comme Malpasse, Belladère et Thomassique restent fermés à cause des groupes armés. Ces bureaux, autrefois essentiels pour le commerce avec la République dominicaine, ont été pillés et leurs agents attaqués. Imaginez : c’est comme si les principales portes d’entrée commerciales du pays étaient verrouillées, et pourtant, les recettes continuent d’affluer.

Quand la nécessité pousse à l’innovation

« Malgré une situation sécuritaire difficile, les recettes douanières en juillet 2025 sont plutôt encourageantes », confie une source de l’administration douanière. Certes, l’objectif de 12,5 milliards n’a pas été totalement atteint – il manque près d’un milliard de gourdes – mais le résultat de 92% reste impressionnant dans le contexte actuel.

Cette performance s’explique en partie par une réalité que connaissent bien les commerçants haïtiens : l’adaptation constante. Face aux fermetures forcées, beaucoup ont redirigé leurs activités vers d’autres points de passage, parfois plus risqués mais encore fonctionnels. C’est cette capacité de contournement, cette débrouillardise typiquement haïtienne, qui permet au commerce de survivre même dans les pires conditions.

Une progression qui défie la crise

Les chiffres révèlent une hausse de 20% par rapport à juillet 2024, prouvant que l’économie haïtienne, malgré ses blessures, continue de respirer. Pour nos compatriotes de la diaspora qui suivent l’actualité du pays avec inquiétude, ces données apportent un souffle d’espoir : Haïti produit encore, Haïti commerce encore, Haïti résiste encore.

Plus impressionnant encore : sur les dix premiers mois de l’exercice fiscal (octobre 2024 à juillet 2025), les douanes ont déjà collecté plus de 104 milliards de gourdes. C’est 1,95 milliard de plus que toute l’année fiscale 2023-2024 ! Une performance qui fait dire aux spécialistes que l’objectif annuel pourrait être dépassé malgré tous les obstacles.

Douze années de croissance spectaculaire

Pour mesurer l’ampleur de cette évolution, il faut regarder dans le rétroviseur. En juillet 2013, les douanes collectaient seulement 1,99 milliard de gourdes. Aujourd’hui, ce montant a été multiplié par six ! Cette progression témoigne d’une modernisation progressive du système, mais aussi d’une formalisation croissante de l’économie haïtienne.

Les années 2022-2025 marquent un tournant particulier. Alors que la moyenne mensuelle était de moins de 3 milliards entre 2013 et 2022, elle a bondi à 10,2 milliards ces trois dernières années. Une transformation qui survient paradoxalement pendant la période la plus troublée de l’histoire récente d’Haïti.

L’économie haïtienne plus forte que les balles ?

Ces performances remarquables soulèvent des questions importantes pour l’avenir du pays. Comment l’administration douanière parvient-elle à maintenir de tels résultats alors que d’autres institutions peinent à fonctionner ? La réponse réside peut-être dans la nécessité vitale du commerce pour la survie économique du pays.

Pour les familles haïtiennes, qu’elles vivent à Port-au-Prince, aux Gonaïves ou à Boston, ces chiffres représentent plus que des statistiques. Ils symbolisent la capacité du pays à générer des revenus malgré l’adversité, à financer ses institutions de base et à maintenir un minimum de services publics.

Alors que beaucoup prédisent l’effondrement total d’Haïti, les douanes prouvent que certains secteurs résistent et prospèrent même dans le chaos. Reste à savoir si cette résilience économique pourra s’étendre à d’autres domaines et contribuer à la reconstruction du pays. Une chose est sûre : tant que les Haïtiens continueront de commercer, d’innover et de s’adapter, l’espoir d’un redressement demeurera vivant.

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