Alors que 60% de la population haïtienne a moins de 25 ans, le Premier ministre Fils-Aimé promet de faire de la jeunesse le « moteur du renouveau national ». Des mots qui doivent maintenant se transformer en actes concrets.

Ce mardi 13 août marque la Journée internationale de la jeunesse, et en Haïti, cette date résonne avec une urgence particulière. Dans un pays où les jeunes représentent la majorité écrasante de la population, le gouvernement Fils-Aimé a choisi de placer ses espoirs – et ses promesses – sur cette génération qui grandit entre crises et résilience.

Une jeunesse haïtienne face aux défis du siècle

Le thème de cette année, « Actions des organisations locales de jeunes en faveur des ODD et au-delà », tombe à pic pour Haïti. Car si la jeunesse du pays déborde de créativité et d’énergie, elle fait aussi face à des obstacles titanesques : chômage endémique, système éducatif défaillant, insécurité grandissante et exode massif vers l’étranger.

Combien de jeunes talents haïtiens brillent aujourd’hui à Miami, Montréal, Paris ou New York, faute d’avoir trouvé leur place dans leur pays natal ? Cette fuite des cerveaux représente une hémorragie que le gouvernement dit vouloir stopper en « renforçant les moyens d’action » et en « multipliant les espaces d’expression ».

Des promesses qui doivent devenir réalité

Le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé a beau parler de « passerelles vers l’entrepreneuriat, la formation et l’innovation », la réalité quotidienne de nombreux jeunes Haïtiens reste marquée par la précarité. À Port-au-Prince comme dans les provinces, l’accès à un emploi décent, à une formation de qualité ou même à internet reste un parcours du combattant.

Pourtant, les exemples d’innovation ne manquent pas. Des jeunes développeurs créent des applications mobiles révolutionnaires, des artistes font rayonner la culture haïtienne à l’international, des entrepreneurs sociaux inventent des solutions locales aux problèmes du pays. Cette génération connectée et consciente des enjeux globaux pourrait effectivement devenir le catalyseur du changement tant attendu.

L’entrepreneuriat comme voie de salut ?

L’accent mis par le gouvernement sur l’entrepreneuriat n’est pas anodin. Dans un contexte où l’État peine à créer des emplois publics et où le secteur privé traditionnel stagne, l’innovation et la création d’entreprises apparaissent comme des solutions d’avenir. Mais encore faut-il que les conditions soient réunies : accès au crédit, sécurité juridique, infrastructure numérique.

La diaspora haïtienne, forte de plusieurs millions de personnes, pourrait jouer un rôle clé dans cet élan. Ses transferts de fonds, son expertise et ses réseaux internationaux constituent autant d’atouts pour soutenir l’émergence d’une nouvelle économie portée par la jeunesse.

Au-delà des discours, l’urgence d’agir

Si le gouvernement veut vraiment faire de la jeunesse le « moteur de l’espoir », il devra rapidement passer des paroles aux actes. Car cette génération, hyper-connectée et informée, ne se satisfera pas longtemps de belles promesses. Elle attend des résultats tangibles : des écoles fonctionnelles, des centres de formation technique, des incubateurs d’entreprises, un environnement sécurisé pour innover et créer.

Cette Journée internationale de la jeunesse 2025 marquera-t-elle un tournant dans la politique haïtienne envers sa jeunesse ? Ou ne sera-t-elle qu’une énième célébration sans lendemain ? La réponse dépendra de la capacité du gouvernement à transformer ses belles intentions en politiques concrètes. Car l’avenir d’Haïti se joue aujourd’hui dans les mains de cette jeunesse qui refuse de baisser les bras.

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