Port-au-Prince, 15 avril 2025 – Dans une note officielle publiée ce samedi 12 avril, le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a lancé un appel urgent à la vigilance du peuple haïtien face à ce qu’il qualifie de « stratégies criminelles » visant à transformer Haïti en un Narco-État.
Selon le CPT, ces réseaux criminels, appuyés par certains acteurs politiques et économiques, cherchent à s’emparer de l’administration publique et du pouvoir politique en utilisant des moyens illicites. L’alerte intervient alors que le pays est plongé dans une spirale de violences extrêmes : meurtres, viols, enlèvements, pillages, incendies de biens publics et privés. À cela s’ajoute une crise humanitaire majeure, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir leurs domiciles pour échapper aux gangs.
« Haïti vit aujourd’hui la pire situation de son histoire », déclare le CPT dans sa note.
Des menaces multiples et coordonnées
Le Conseil précise que la menace ne se limite pas aux gangs armés. Il évoque également l’implication :
- de trafiquants de drogue, d’armes, de munitions et d’organes humains ;
- de politiciens véreux ;
- de membres influents du secteur privé, accusés de distribuer des armes à des jeunes à des fins politiques ;
- et de réseaux internationaux finançant l’insécurité pour affaiblir l’État haïtien.
« Ces groupes mobilisent argent et ressources pour contrôler les institutions publiques », avertit la note.
Le CPT appelle la population à rester vigilante, à rejeter toute forme de manipulation ou de désinformation, et à faire bloc contre les tentatives de déstabilisation.
« Haïti ne deviendra pas un Narco-État »
En réaffirmant son engagement à lutter contre toutes les formes de trafic et d’insécurité, le CPT assure que les forces de l’ordre sont mobilisées pour protéger les citoyens et restaurer l’ordre.
« Le peuple haïtien a toujours remporté les plus grandes victoires dans les pires combats. NON ! Haïti ne deviendra pas un Narco-État », martèle la présidence.
Un système mafieux bien implanté
Un rapport de l’Initiative mondiale contre le crime organisé transnational, relayé par Reuters le 13 février 2024, avait déjà mis en lumière les liens entre le secteur privé, les gangs armés, le trafic d’organes et le kidnapping en Haïti. Dans des zones comme Cité Soleil et Canaan, des cadavres mutilés auraient été retrouvés, suggérant une activité croissante de trafic d’organes humains.
Par ailleurs, selon le New York Times, le gang de « 5 Segonn » dirigé par Izo serait actuellement le plus gros exportateur de cocaïne du pays, envoyant une part importante de sa marchandise vers l’Europe.
« Les gangs sont de plus en plus intégrés dans les circuits de la drogue », confirme M. O’Neill de l’ONU, évoquant également l’implication passée d’anciens officiers de police.
Enfin, plusieurs personnalités politiques haïtiennes, dont l’ancien président Michel Joseph Martelly, ont été sanctionnées par la communauté internationale pour leur implication présumée dans le trafic de drogue.