Port-au-Prince, 15 avril 2025 – Dans un contexte sécuritaire extrêmement tendu, la Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti (PNH) a ordonné ce mardi le rappel immédiat de tous les policiers à leur poste d’affectation, à partir de 19h00 et jusqu’à nouvel ordre. L’information a été confirmée dans une lettre officielle de convocation signée par le directeur général de la PNH, Normil Rameau.

« Par ordre du Directeur Général de la Police Nationale d’Haïti, tous les policiers indistinctement sont convoqués dans leur lieu d’affectation à compter de ce mardi 15 avril 2025 à 19h00, jusqu’à nouvel ordre », précise la note circulaire transmise à la rédaction.

Bien que les raisons exactes de cette convocation n’aient pas été précisées, l’institution prévient que tout policier qui ne respecterait pas cette consigne s’expose à des sanctions disciplinaires sévères, conformément au règlement interne de la PNH.

Une alerte maximale face aux menaces croissantes

Cette décision intervient dans un climat d’extrême tension, alors que le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) a récemment lancé un appel à la vigilance face aux manœuvres de groupes criminels cherchant à infiltrer et à prendre le contrôle des institutions de l’État.

« Le pays est sous la menace de trafiquants de drogue, d’armes, d’organes humains, et de politiciens corrompus appuyés par des acteurs économiques distribuant des armes à des jeunes pour asseoir leur pouvoir », avait alerté le CPT dans une déclaration samedi dernier.

L’organisme de gouvernance provisoire a dénoncé une tentative de transformation d’Haïti en un Narco-État, en accusant certains réseaux, tant nationaux qu’internationaux, de financer et d’organiser cette déstabilisation.

Des menaces concrètes et localisées

La semaine dernière, le commissaire divisionnaire du Sud, Daniel Compère, a adressé une alerte formelle au chef de la police concernant une attaque imminente sur la ville des Cayes, orchestrée par des groupes armés opérant dans les communes de Tiburon et Les Anglais, sous la direction présumée de l’ex-prisonnier Guy Philippe.

Pression internationale et mobilisation citoyenne

Face à cette escalade, la Caricom a exprimé dimanche 13 avril sa vive préoccupation face aux velléités de certains groupes armés de renverser le pouvoir en place par la force. Elle a condamné sans détour toute tentative de dérailler la transition politique, réaffirmant son soutien au processus devant mener à des élections d’ici le 7 février 2026.

Sur le terrain, la mobilisation citoyenne ne faiblit pas. Plusieurs quartiers de Port-au-Prince, dont Canapé-Vert, continuent de subir les assauts des gangs, poussant les habitants à descendre dans la rue pour réclamer une réponse ferme des autorités. Une nouvelle journée de manifestation est prévue ce mercredi 16 avril, alors que l’insécurité pousse toujours plus de familles à fuir.

Selon l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), près de 60 000 personnes ont été déplacées dans la région métropolitaine en l’espace d’un mois. Dans les communes de Mirebalais et Saut-d’Eauplus de 31 000 personnes ont dû abandonner leur domicile depuis la fin mars, face aux attaques violentes des gangs.

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