Le président du Conseil présidentiel de transition multiplie les contacts diplomatiques à l’ONU. Lors de deux réunions cruciales avec le Premier ministre canadien et le patron de la BID, Laurent Saint Cyr a plaidé pour un soutien renforcé à la sécurité et relancé les discussions sur l’avenir économique du pays. Des échanges qui pourraient débloquer des millions de dollars d’aide.

À quelques pas du siège des Nations Unies, la diplomatie haïtienne s’active. En marge de la 80e Assemblée générale, Laurent Saint Cyr a saisi l’opportunité de rencontrer deux figures clés pour l’avenir d’Haïti : Mark Carney, Premier ministre du Canada, et Ilan Goldfajn, président de la Banque interaméricaine de développement.

Le Canada double la mise avec 40 millions supplémentaires

La rencontre avec Mark Carney a porté ses fruits au-delà des espérances. Non content de réaffirmer l’engagement canadien aux côtés de la Police nationale d’Haïti, Ottawa a annoncé un financement additionnel de 40 millions de dollars canadiens pour la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS).

Cette enveloppe, destinée également à la future Force de suppression des gangs, place le Canada en position de deuxième contributeur financier de la mission internationale, juste derrière les États-Unis. Une nouvelle qui devrait rassurer les familles haïtiennes de Toronto, Montréal et Vancouver, inquiètes de voir leur pays natal sombrer dans le chaos.

« Le Canada a réaffirmé son engagement à continuer de soutenir la Police Nationale d’Haïti et le renforcement de la justice », précise la présidence haïtienne. Un soutien qui s’étend aussi aux « plaidoyers visant à mobiliser la communauté internationale » pour établir une force capable de « neutraliser les groupes criminels qui tiennent le pays en otage ».

La BID mise sur le développement du Nord

Du côté économique, l’entretien avec Ilan Goldfajn s’est révélé tout aussi prometteur. Le président de la BID a confirmé l’engagement de son institution dans plusieurs projets stratégiques, notamment la connectivité aéroportuaire aux Cayes et le développement agricole et technologique.

Mais c’est surtout sur le Nord d’Haïti que les discussions se sont concentrées. La région, souvent délaissée par les politiques de développement centrées sur Port-au-Prince, pourrait enfin bénéficier d’investissements majeurs. « Des progrès constants sont réalisés alors que les équipes travaillent avec les dirigeants locaux, le secteur privé, la société civile et la jeunesse du grand Nord », a tweeté Goldfajn après l’entretien.

Un programme ambitieux pour 2025-2026

Le patron de la BID a détaillé les priorités du programme 2025-2026 : jeunesse, santé, éducation, connectivité aéroportuaire et chaînes de valeur agricole. Des secteurs cruciaux pour un pays où près de la moitié de la population a moins de 25 ans et où l’exode rural alimente l’insécurité urbaine.

La question énergétique n’a pas été oubliée. Saint Cyr et Goldfajn ont évoqué « la nécessité de travailler sur un partenariat public-privé pour la production et la commercialisation » dans le secteur énergétique du Nord. Une initiative qui pourrait transformer l’économie régionale et offrir des alternatives aux jeunes tentés par l’émigration.

La loi HOPE/HELP au cœur des enjeux

Les deux dirigeants ont également abordé le renouvellement de la loi HOPE/HELP, dispositif commercial crucial pour l’industrie textile haïtienne. Cette législation américaine, qui permet l’exportation de produits haïtiens vers les États-Unis sous des conditions préférentielles, emploie des dizaines de milliers de personnes et génère des centaines de millions de dollars de revenus.

Pour la diaspora haïtienne, particulièrement celle établie aux États-Unis, ce dossier revêt une importance capitale. Beaucoup ont des proches qui travaillent dans ce secteur ou envoient des fonds vers des zones d’activité textile.

Ces rencontres new-yorkaises illustrent la stratégie du Conseil présidentiel de transition : mobiliser la communauté internationale avant que la situation ne devienne totalement incontrôlable. Mais la vraie question demeure : ces promesses d’aide se traduiront-elles par des changements concrets sur le terrain ? Pour les millions d’Haïtiens qui attendent désespérément une amélioration de leur quotidien, l’heure n’est plus aux déclarations d’intention mais aux actes.

Partager.

Les commentaires sont fermés.

Exit mobile version