La liaison aérienne tant attendue entre les Cayes et Miami reste clouée au sol à cause du silence obstiné de l’Autorité aéroportuaire nationale. Une situation qui illustre parfaitement les obstacles bureaucratiques qui freinent le développement d’Haïti.
Imaginez un instant : partir des Cayes un matin et se retrouver à Miami l’après-midi, sans escale à Port-au-Prince. Ce rêve de milliers d’Haïtiens du Sud était sur le point de devenir réalité avec la compagnie IBC Airways. Mais voilà que la bureaucratie haïtienne vient une fois de plus jouer les trouble-fête.
Un projet qui avait tout pour réussir
Tout semblait pourtant bien parti pour cette liaison révolutionnaire. Le 12 juin dernier, IBC Airways avait même effectué un vol test réussi sur l’aéroport Antoine Simon des Cayes. La compagnie avait obtenu toutes les autorisations nécessaires : feu vert de l’OFNAC, autorisation du régulateur américain FAA, formation du personnel terminée. Il ne manquait plus qu’un petit détail : l’autorisation de l’Autorité aéroportuaire nationale (AAN) pour installer des containers temporaires à l’aéroport.
Un détail qui se transforme aujourd’hui en véritable casse-tête administratif.
Six lettres dans le vide
Dimitri Fouchard, représentant d’IBC Airways en Haïti, ne cache pas sa frustration. Depuis fin mai, sa compagnie a adressé six correspondances au directeur général de l’AAN, Ducarmel François. Toutes sont restées lettre morte. « Puisque tout l’aéroport est accaparé par une autre compagnie, nous avons demandé à l’AAN de nous autoriser à placer des containers pour héberger nos services », explique-t-il.
Cette situation rappelle malheureusement ces nombreux projets qui meurent dans les tiroirs des administrations haïtiennes, pendant que la diaspora cherche désespérément des moyens plus directs pour rentrer au pays.
Le paradoxe haïtien en pleine action
L’ironie de la situation est frappante. D’un côté, les autorités haïtiennes parlent de décentralisation et de relance économique. De l’autre, les institutions créent des obstacles insurmontables à des projets qui pourraient précisément contribuer à cette relance.
Pour les familles des Cayes qui ont des proches à Miami, Brooklyn ou Boston, cette liaison directe aurait été une bouffée d’oxygène. Fini les escales obligatoires à Port-au-Prince, fini les heures d’attente supplémentaires, fini les risques de correspondances ratées.
Un silence qui coûte cher
Le silence de l’AAN n’est pas seulement irrespectueux envers IBC Airways. Il prive tout le Sud d’Haïti d’une opportunité de développement économique. Cette liaison aurait pu attirer des investissements, faciliter le commerce, encourager le tourisme dans une région qui en a cruellement besoin.
Combien de projets prometteurs faudra-t-il encore voir s’enliser dans les méandres de l’administration haïtienne avant que nos dirigeants comprennent que le développement du pays passe aussi par la facilitation des initiatives privées ? Les Cayes et toute la diaspora haïtienne méritent mieux que ce silence bureaucratique.