Le chef de gang de Ti Bwa impose une grève de trois jours, exigeant un nouveau cartel à la mairie, tandis que Carrefour sombre dans le chaos
La commune de Carrefour s’est figée ce 28 avril sous l’emprise du chef de gang Krisla, qui a lancé une grève de trois jours pour imposer un cartel à la mairie, abandonnée par l’État. Un cri d’alarme pour les Haïtiens, d’Haïti et de la diaspora, face à une ville livrée aux criminels.
Une commune à l’arrêt
Ce lundi 28 avril 2025, Carrefour s’est réveillée paralysée. Écoles fermées, marchés déserts, rues vides : une grève de trois jours, décrétée par Krisla, chef de gang de Ti Bwa, a stoppé toute activité. Seules quelques petites boutiques osent ouvrir, sous la menace des hommes armés qui patrouillent et bloquent même les motards. « On m’a dit de fermer mon commerce, j’ai dû rentrer chez moi », confie une marchande de Fontamara, la peur dans la voix.
Krisla, figure redoutée, exige l’installation d’un nouveau cartel intérimaire à la mairie, vide de toute autorité légitime depuis plus d’un an. Il prétend agir « dans le respect de la loi », une ironie amère alors que ses gangs contrôlent la commune. À Miami, où la diaspora suit la crise avec angoisse, cette mainmise révolte. « Un gang qui parle de loi, c’est le monde à l’envers ! » s’exclame Jean, un Haïtien de Little Haiti.
Une mairie sans État, des gangs aux commandes
Depuis 14 mois, Carrefour, jadis un poumon économique de l’Ouest, est sous la coupe des gangs. Sans police ni représentants étatiques, les institutions publiques et privées survivent sous les ordres des criminels. L’ancien maire, Jude Édouard Pierre, a fui il y a 19 mois après le pillage de sa maison. Démissionnaire depuis janvier 2022, il a réitéré sa sortie le 22 avril 2025, dénonçant l’abandon de la commune. « Aucun maire ne peut rester sans police. Les autorités m’ont ignoré », a-t-il déclaré, réfutant les rumeurs d’exil.
Pierre pointe du doigt le Conseil Présidentiel de Transition (CPT) et le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, qui n’ont jamais répondu à ses alertes. « La population n’a pas choisi les gangs, elle est abandonnée », insiste-t-il, évoquant le spectre d’un massacre comme celui de Wharf Jérémie. À Jacmel, où les Haïtiens craignent une contagion de l’insécurité, ses paroles résonnent comme un appel désespéré.
Krisla dicte sa loi
La grève n’est que la dernière provocation de Krisla. Il y a une semaine, il menaçait d’installer un proche à la mairie, profitant du vide institutionnel. Ses « patrouilles » armées imposent le silence, paralysant une commune où 5,7 millions de personnes luttent pour manger. À Port-au-Prince, où Viv Ansanm domine 85 % de la ville, Carrefour n’est qu’un exemple de l’effondrement de l’État. « On vit comme des otages », confie un habitant de Carrefour sur X.
À Montréal, où la diaspora envoie des fonds pour survivre, la situation choque. « Ma tante ne peut plus vendre au marché. Comment va-t-elle vivre ? » s’inquiète une étudiante. Les fermetures de l’Hôpital de Mirebalais et de l’hôtel Marriott rappellent que l’insécurité menace tout Haïti, rendant l’action de Krisla encore plus alarmante.
Un appel à l’action ignoré
Jude Édouard Pierre exhorte le CPT, la Primature et la Commission nationale de désarmement (CNDDR) à intervenir pour éviter une tragédie. Mais le CPT, critiqué pour son milliard de gourdes de dépenses inutiles, semble impuissant. La Police nationale d’Haïti, débordée, et la mission multinationale kenyane, sous-équipée, ne peuvent contrer les gangs. Jean Charles Moïse, de Pitit Dessalines, a menacé de quitter le CPT si la sécurité n’est pas rétablie, reflétant l’urgence.
À New York, des organisations comme Haitian Bridge Alliance appellent à une mobilisation internationale. « Carrefour, c’est un miroir de notre abandon. Il faut agir », insiste un militant. Des initiatives comme le don de 50 millions de dollars de la Banque Mondiale pour l’agriculture offrent un espoir, mais sans sécurité, elles risquent d’échouer.
Carrefour, notre combat commun
La grève de Krisla est un affront à la dignité haïtienne, mais aussi un défi pour nous tous. À Carrefour, comme à Gonaïves ou à l’étranger, les Haïtiens refusent de plier. Les brigades d’autodéfense, comme à Canapé-Vert, montrent la voie du courage. À nous, d’Haïti et de la diaspora, de soutenir ces résistants et d’exiger des autorités qu’elles agissent. Si Carrefour tombe, quelle commune sera la prochaine ? Votre voix peut changer l’histoire : comment ramener la paix dans nos villes ?